Ca$h'n'guns

Avant de parler du jeu de Repos Production, une petite réflexion sur un commentaire que l'on entend souvent à propos des jeux vidéos : ils seraient horriblement violents, sanglants, sans moral, sans pitié...
Une dizaine d'années auparavant, on utilisait les mêmes qualificatifs pour les dessins animés japonais, en faisant la même erreur, à mon sens.
La nouveauté et l'inconnu font peur, quand on ne comprend pas l'engouement des jeunes, des gosses, ou d'une quelconque catégorie de la population pour une activité, on la trouve immanquablement suspecte et bardée de défaut.

Pourtant, dès le plus jeune âge, nous autres, les garçons, sommes tous passés par une phase "policiers et voleurs", où notre vie virtuelle ne tenait qu'à un fil, et où la morale était notre dernière préoccupation. Les jeux vidéos et autres dessins animés ne font que surfer sur cet instinct violent qui sommeille en nous. En aucun cas, je crois qu'ils ne stimulent cette perversion.

Ca$h'n'guns est l'un de ces jeux qui vous met dans la peau d'un gangster sans morale et avec peu de jugeote. Le truand de base, quoi. Et pour se plonger au mieux dans l'univers, la boite de jeu annonce fièrement : "6 Pistolets en mousse !".
Comme si de bêtes reproduction de flingues en mousse pouvaient y faire quelque chose.... Ils nous prennent pour qui... Non mais... Bon, ok, fais les voir ces pistolets ? Ridicule... Pff. T'as l'air de quoi avec ce truc... Passe m'en un...
ET MAINTENANT, TU POSES TON FLINGUE DOUCEMENT ET HAUT LES MAINS, RASCAL !

D'accord, on se prend vite au jeu avec ce genre d'accessoire, mais en quoi consiste-t-il, le jeu ? Il s'agit d'une bande de malfrats qui doivent se partager un butin. Comme il est rarement partageable équitablement entre tous, il faut user de conviction et de bluff pour inciter ses compagnons à abandonner une part du butin. Chaque bandit a à sa disposition une carte "Bang Bang bang", 2 cartes "Bang" et 5 cartes clic. A chaque manche (il y en a 8), il choisit l'une de ses cartes et la pose face cachée devant lui. Le parrain compte jusqu'à trois, et là... Tous les joueurs visent avec leur pistolet en mousse un joueur de leur choix.
Selon la carte qu'il a choisie, le nombre de pistolets qui sont braqués sur sa tempe, l'état de ses finances, et quelques autres paramètres stratégiques, le joueur doit alors dire s'il se couche (en abandonnant sa part du butin), ou s'il prend le risque éventuel de se prendre une bastos dans le bide. Et là, c'est le carnage. Les cartes "bang bang bang" qui ont été jouées sont d'abord retournées, et les victimes sont blessées. Puis, les survivants qui ne se sont pas couchés retournent à leur tour leur carte, et les balles fusent.
Les survivants à l'issue de cette fusillade se partage ce qui et partageable.
A la fin de la huitième manche, le truand qui a le plus d'argent gagne la partie.

L'aspect stratégique du jeu ne saute pas directement aux yeux, surtout lorsqu'il est aussi mal décrit que je viens de le faire. C'est avant tout une histoire de bluff et de négociations et peu de gens (particulièrement moi) sont à l'aise avec ces mécanismes. Du coup, les premières parties laissent un sentiment de non-contrôle total, mélangé à une curiosité envahissante. Comme si le jeu ne pouvait être bien que si les joueurs étaient eux-mêmes bons dans leur rôle de malfrats.
Le mécanisme d'apparence simple est par conséquent moins accessible qu'il n'y parait, ce qui réserve le jeu à des joueurs patients et déterminés ou expérimentés.

J'attends impatiemment la prochaine partie pour vérifier mes premières impressions.