Devoirs de vacances : ma fiche de lecture

Lors de son avant-dernier passage à Nancy il y a deux mois, Merome m'a offert un bouquin, avec comme devoir de vacances d'en faire ici un petit compte-rendu. C'est donc avec plaisir que, malgré un retard certain , je vais tenter de vous résumer la teneur de « Après nous le déluge ? », ouvrage très instructif de Jean-Marie Pelt et Gilles-Éric Séralini.

En environ 180 pages, les deux scientifiques nous proposent un petit état des lieux de certaines connaissances sur la planète, la biodiversité, les menaces qui pèsent dessus, l'intérêt croissant pour les manipulations cellulaires et génétiques... Notez quand même que ça s'adresse au grand public (un minimum averti, mais grand public quand même) : si vous avez déjà beaucoup lu sur le sujet, vous n'apprendrez probablement pas grand-chose de révolutionnaire ici. Bref, tout au long de cet inventaire s'amorce une critique d'une certaine pratique de la Science, qui se focalise sur le résultat immédiat sans se préoccuper des conséquences à une plus large échelle, et qui part du principe qu'en cas de problème, plus de science suffira à apporter la solution...

En premier lieu, il nous est rappelé que, jusqu'à preuve du contraire, la vie terrestre telle que nous la connaissons est une exception. En effet, elle n'est possible que grâce à la combinaison de plusieurs facteurs, depuis les constantes fondamentales qui régissent les lois de la physique atomique jusqu'à la rotation de la planète et la position de la lune. Si l'un d'eux avait été ne serait-ce que légèrement différent, le globe n'aurait été habitable suffisamment longtemps pour que la vie s'y développe durablement. Prises séparément, nombre de ces conditions sont très peu probables à l'échelle de l'univers connu : leur combinaison l'est donc d'autant plus. À l'heure actuelle, le troisième caillou en partant du soleil est le seul endroit connu où toutes les conditions nécessaires à l'apparition de la vie se trouvent réunies.

Une fois ceci établi, deux chapitres sont consacrés à l'interdépendance des espèces et à l'importance de la biodiversité qui en découle. Chaque espèce assure, au sein de son écosystème, une ou plusieurs fonctions précises : maillon de la chaîne alimentaire, photosynthèse, épuration des toxines, etc... Que l'une de ces fonctions ne soit plus assurée et c'est l'équilibre de l'ensemble de l'écosystème qui se trouve menacé. Il est donc vital pour un système que les différentes fonctions dont il a besoin ne soient pas prises en charge par une seule espèce, mais par plusieurs : en cas de défaillance de l'une, les autres peuvent prendre le relais. D'où l'importance de la biodiversité, et donc de la préservation des espèces. La grande inconnue étant ici le seuil de pertes au-delà duquel un système devient irrémédiablement instable...

Or le chapitre suivant signale que depuis plusieurs décennies, l'activité humaine utilise, pour tout et n'importe quoi, de plus en plus de molécules de synthèse dont on commence seulement à découvrir les multiples effets à long terme. D'une part, beaucoup s'avèrent dangereux (mutagènes, cancérigènes, facteurs de stérilité...) . Mais surtout on constate que dans de très nombreux cas, la dissémination et la persistence des substances nocives dépasse largement les prévisions de leurs créateurs. Et l'on commence à voir s'accumuler les études démontrant la contamination des organismes (et notamment l'organisme humain) par de nombreuses toxines aux effets plus ou moins délétères, parfois par le biais de produits très courants.

S'ensuivent plusieurs rappels et clarifications sur les manipulations cellulaires (clonage, modifications génétiques, recherche sur les cellules souches...) et plus particulièrement sur leur application à l'homme et aux implications que cela pourrait avoir sur la définition même de ce qu'est l'espèce humaine. Dans ce chpaitre, beaucoup de questions ouvertes et encore très peu de réponses : vu que l'on commence à peine à entrevoir les conséquences de certains des choix scientifiques d'il y a plusieurs dizaies d'années, nous sommes encore bien loin d'avoir le recul suffisant en ce qui concerne les avancées les plus récentes.

Le livre s'achève sur un plaidoyer en faveur de la préservation de ce qu'il nous reste encore de bio-capital, de la recherche de solutions alternatives et d'une pratique scientifique plus responsable. Bref, de la lecture très intéressante, même quand a priori on fait déjà partie des convaincus. En tout cas merci pour le bouquin Merome :)

Commentaires

1. Le samedi, 16 septembre 2006, 13:03 par Merome

12/20, la fin est bâclée...
Non, je déconne :)
Je pense que tu as été plus vite pour lire l'Archipel de Sanzunron. De mon côté, je teste ce soir les jeux que tu m'as prêtés avec des invités. J'en ferai peut-être quelques articles aussi :)

2. Le lundi, 18 septembre 2006, 08:30 par Bob

Ben en fait non, le bouquin se lit assez vite (moins de 200 pages et c'est écrit assez gros). C'est plutôt que j'ai attendu deux mois avant de rédiger ma fiche ;)

Pour ce qui est de la fin, je dois bien admettre que le chapitre sur la génétique m'a moins marqué que le reste du bouquin. Ça mériterait d'être relu

3. Le lundi, 18 septembre 2006, 09:10 par Marzi

"le troisième caillou en partant du soleil " => c'est une référence à une série télé ? :)

4. Le lundi, 18 septembre 2006, 09:15 par Bob

Pas spécialement, non. C'est une dénomination qu'on croise plus ou moins régulièrement chez les geeks, mais je ne saurais pas te dire où l'expression est apparue en premier. C'est le titre d'un morceau de Hendrix, mais il est fort possible que l'expression soit beaucoup plus ancienne.

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