Bien qu'étant particulièrement mauvais en toute forme de communication, j'ai retenu ce principe de base et tente d'en faire bon usage.

"Les mots sont importants", c'est d'abord et avant tout un site, celui d'un "collectif", dont je souhaitais vous parler depuis un moment. Ce site traite, au travers de ces articles, de toutes les inepties que l'on peut entendre dans ce qu'on appelle les "médias traditionnels". Et il y en a ! Par exemple, le mot "arabe" et son emploi habituel est décortiqué ici.
Associé à un site comme Acrimed (Action critique des médias), vous voilà bien outillé pour ne plus vous faire enfiler par les journaux, télévisés ou non, des vérités toutes faites et prépensées.
Sans aller jusqu'au caricatural on nous cache tout, on nous dit rien, vous verrez qu'un peu de recul sur l'actualité telle qu'elle nous est contée fait le plus grand bien.

Mais ce qui m'a poussé à écrire cet article, ce sont ces interminables débats, discussions, dialogues que vous avez peut-être aussi connus et qui finissent en eau de boudin par "Ah, c'est donc ça que tu voulais dire ? Mais alors on est d'accord !".
Des mots apparemment simples ont pour chacun d'entre nous des significations différentes. L'exemple le plus frappant, c'est riche ou pauvre ? Vous considérez-vous comme riche ou comme pauvre ? Par rapport à quel référentiel construisez-vous votre acception de base ? Par rapport à un éthiopien famélique ou un patron d'une entreprise du CAC 40 ?
Les nobles les plus riches, au Moyen-Age, n'avaient même pas de télé ! Les pauvres !

Relatifs et subjectifs, ces mots là peuplent les plus banales de nos phrases, et en multiplient les sens cachés pour nos interlocuteurs.

Je me souviens (et d'autres ici, sans doute) d'un débat sans fin sur pessimisme et optimisme. Un débat duquel rien n'est sorti, du reste, qu'une vague (in)compréhension de ce que l'autre entend par là.
Stériles, les discussions de ce type sont pourtant inévitables, pour accorder les violons avant d'entrer dans le vif du sujet.

Dans le même genre, vous avez également sans doute vécu ces malentendus malheureux qui débouchent sur de véritables guerres conjugales. Non, je ne sous-entendais rien de méchant en disant que les pâtes étaient encore trop cuites à midi. Je voulais juste dire qu'on pouvait se permettre d'encore diminuer le temps de cuisson, c'est tout !
Indéfendable...

Naturellement, on ne peut que dévier sur les professionnels de la parole : les hommes politiques. Et l'actualité nous donne des exemples intéressants, ces temps-ci.
François Fillon a commis l'erreur (ou pas ?) d'évoquer les régimes spéciaux des retraites. Mettant l'UMP dans l'embarras, et forçant Nicolas Sarkozy à dévoiler une partie ses plans à ce sujet (dont on ne doutait guère, par ailleurs). Au-delà du fond politique, dont je ne discuterai pas aujourd'hui, j'ai peine à croire que la stratégie utilisée est payante, pour son auteur, comme pour la France en général.
En effet, si la France doit avancer, elle ne pourra le faire que dans l'union la plus totale. Si les salariés du privés et les fonctionnaires sont en guerre ouverte, je ne vois pas bien ce que cela peut amener de positif et de constructif.
Ségolène Royal, interrogée sur la question hier matin sur RTL, a été me semble-t-il plus adroite (sans jeu de mot). Elle ne remet pas en cause le principe de la réforme des retraites, qu'elle sait inévitable, mais elle évite de faire porter seul le chapeau à une catégorie socio-professionnelle qu'il est idiot de montrer du doigt. Et comme contre exemple, elle choisit le cas des retraites des parlementaires, ce qu'on ne peut guère lui reprocher puisqu'elle fait partie des futures bénéficiaires !

Sans vouloir donner l'impression de vouer un culte pour Ségolène, qui défend des idées bien différentes des miennes sur de nombreux points (encore hier sur le thème "relancer la croissance", tss), je dois avouer que la méthode qu'elle utilise jusque là est originale et parfaitement adaptée aux échéances électorales qui approchent.
Plutôt que de détailler par le menu un improbable programme socialiste à coup d'annonce de mesurettes, elle flotte au-dessus du débat en restant dans des généralités qui ne l'engagent que très peu. On peut y voir une forme de couardise et d'incompétence, et c'en est peut-être effectivement ; mais j'y vois pour ma part, allez savoir pourquoi, une méthode diaboliquement stratégique.
Parler de SMIC à 1500 euros, de création de trucs et de machins pour les chomeurs, de choses bien concrètes dont l'électeur moyen ne perçoit ni la portée, ni la faisabilité, ni parfois l'intérêt, est-ce finalement ce qu'on attend d'un candidat à la Présidentielle ?
Ne lui demande-t-on pas, au contraire, d'avoir une vision plus globale de l'avenir de la France, des grandes directions à prendre, sans nous bassiner avec la technique pour y parvenir (ce sera le boulot du premier ministre) ?
Bref, en jouant sur la méthode, plus que sur la technique, elle me semble au moins originale. Parenthèse Ségoliste close. On en reparlera plus tard.

Revenons sur les mots et leur importance. Les mots s'usent. Leur force diminue au fil du temps surtout lorsqu'ils sont utilisés à tort et à travers. J'aime bien me rappeler de la devise de la France, même si ça fait un peu patriote à deux balles. Liberté, Egalité, Fraternité, ça en jette quand même, quand on y pense. Cela a une autre gueule que "God saves the Queen" ou "In God we trust" (Non, ce n'est pas la devise de Clara Morgane).
Que reste-t-il de notre devise dans les faits. "Liberté" sonne aujourd'hui comme "Libéralisme". "Egalité" sous-entend un réducteur "Egalité des chances". En guise de "Fraternité", nous avons aujourd'hui de l'"Humanitaire".
On peut se poser la question également du véritable sens de "démocratie", aujourd'hui...

Petite citation de Maitre JJG pour finir :

Tu parles, parles, c'est facile, même sans y penser
Les mots, les mots sont immobiles, triés, rangés, classés
Laisse aller, laisse-les jouer
Se cogner, te séduire
"Sensualiser", te bouger
Quand ça veut plus rien dire
Swinguer les mots, les mots, sans ça
On va les rétrécir
Swinguer les mots, ne surtout pas
Toujours les réfléchir

Les mots, l'émo, l'émotion vient
Les mots font l'émotion
Coûte que coûte, écoute-les bien
Rythmer nos déraisons
Les sons, les sons, laissons-les rire
Faut pas les écouter
Juste pour éviter le pire
On va les déchaîner

A quoi tu sers ? Pourquoi t'es là ?
Qu'est-ce que t'espères ? A quoi tu crois ?

Commentaires

1. Le samedi, 16 septembre 2006, 23:20 par Arnaud

Tu n'as pas beaucoup de succès. Il est vrai que les mots sont très iomportants. Il n'y a qu'à voir aussi toutes les lois que l'on nous pond et leur contournement en jouant sur les mots ;).

Ceci est un long débat. Donc pour mieux se faire comprendre, n'importe quel formateur en communication (ceux que nous avons eu à Nancy n'échappent pas à la rêgle) te dira : reformulation et je pense que c'est une bonne solution quand même. Il faut se mettre à la hauteur de son interlocuteur !

Tiens dans l'actu, le pape aussi joue sur (avec,...) les mots en ce moment ;)

2. Le lundi, 18 septembre 2006, 09:29 par Steh

10010101010111101010010101001010101000101010101001111010101010100101010101

Ajouter un commentaire

Les commentaires peuvent être formatés en utilisant une syntaxe wiki simplifiée.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : https://merome.net/blog/index.php?trackback/263