Une réduction du temps de travail accordée à ceux qui font des efforts pour la planète.

Dans mon dernier billet sur les couches lavables, je m'attendais à des réactions assez vives dans les commentaires. Cela n'a évidemment pas loupé, et ce sont les commentaires d'Arnaud qui m'ont semblé les plus intéressants pour engager le débat sur une facette insuffisamment explorée de l'écologie au quotidien : l'engagement de temps ou l'engagement financier qu'elle demande à ses protagonistes.

Une idée largement répandue qui consiste à dire que l'écologie est réservée aux plus aisés d'entre nous, et/ou à ceux qui ont le plus de temps, ne me convient pas tout à fait. A vrai dire, cette idée ne me convient pas du tout. Non pas que je refuse qu'on me trouve riche, ou privilégié niveau temps de travail : je revendique régulièrement ces avantages, y compris sur ce blog. Mais c'est à mon avis faire fi d'un certain nombre d'autres considérations qui n'ont rien à voir avec ces motifs.

Car en y réfléchissant bien, toute activité, qu'elle soit respectueuse ou non de l'environnement, qu'elle soit égocentrée ou au contraire tournée vers les autres, demande un certain sacrifice.
Le sportif, par exemple, s'il veut garder un niveau correct, devra s'entraîner. Le coureur à pied est particulièrement représentatif de cet exemple : la course à pied demande du temps, du temps exclusif pendant lequel on ne peut rien faire d'autre. Tout le monde ne peut pas se permettre ce luxe d'avoir un temps régulier à soi. Ou plutôt tout le monde croit qu'il ne peut pas se le permettre, j'y reviens plus tard.
Le cycliste, le véliplanchiste, le golfeur, le tennisman, ... ont tous besoin (en plus du temps disponible pour pratiquer leur sport) d'un minimum de matériel pour exercer leur sport. On entend régulièrement des gens dire alors, qu'ils n'auraient pas les moyens de pratiquer tel ou tel sport, qui coûte trop cher.
Dans un autre style, avoir des enfants est un gouffre financier et (spatio)temporelle. Au bout de trois gosses, je considère personnellement avoir atteint les limites de nos capacités. Pour certains, cette limite est placée dès le premier enfant, voire avant.

En fait, tout est une question de choix personnel. Et je respecte les choix personnels de chacun, en dépit, peut-être, de l'apparence de mes propos sur ce blog.
A mon sens, donc, il ne faut pas être riche et avoir du temps pour faire de l'écologie, il faut avoir fait ce choix là, plutôt qu'un autre.

J'estime, mais peut-être me trompe-je, qu'un choix égoïste doit moins être mis en valeur qu'un acte écologiste par la société. D'où cette idée, certes saugrenue, mais vous ferais-je l'affront de répéter que tout ce que je poste ici n'a pour d'autres objectifs que celui de nous faire tous réfléchir et débattre ?
Bien sûr, Arnaud va trouver que j'en fais trop, Marzi va me sortir un contre exemple fumant, Etheriel va me reparler des Télétubbies, Le Monolecte va dire que c'est la faute au Grand Capital, Bob va modérer mes propos et reformuler mes idées dix fois mieux que je ne l'ai fait, ... Mais au final, le message, aussi idiot soit-il, sera passé et aura occupé nos esprits quelques instants, c'est ma plus grande ambition...

Un certain nombre d'actes écologiques sont déjà "récompensés" par une subvention. L'Etat, par le biais de l'ADEME finance l'achat de panneaux solaires, par exemple. Des choix sociaux, comme celui d'élever plusieurs enfants, sont "financés" par les allocations.
Les divers congés parentaux, maternité, paternité, ... bien qu'imparfaits, peuvent être considérés comme une sorte de RTT conditionnelle.
A ma connaissance, par contre, aucune mesure ne permet d'accorder du temps à celui qui fait le choix de préserver la planète.
Par exemple, choisir de venir travailler à vélo plutôt qu'en voiture, mériterait à mon sens un peu de temps en échange. Choisir de se nourrir des légumes de son potager sans utiliser de pesticides ni d'engrais, pourrait donner droit à un peu de temps supplémentaire. Une prime de temps pourrait être accordée à celui qui trie ses déchets.

Toutes ses actions demandent du temps, plus que d'argent. Certains font le choix de prendre ce temps (quitte à mettre leur carrière de côté en prenant un congé parental), plutôt que de continuer à alimenter le cercle vicieux de la recherche de productivité et de consommation.

Travailler plus pour gagner plus ? La belle affaire. On aura encore moins de temps pour faire ce qui est pourtant ultra-nécessaire pour sauvegarder notre planète. On va même accélérer sa décrépitude de cette façon.

Commentaires

1. Le lundi, 24 juillet 2006, 15:14 par Arnaud

merome,

C'est peut être parce que je suis en vacances que j'ai le temps (on devrait m'accorder une RTT pour cela) de te lire et que je suis le premier à commenter ton billet.

Encore une fois, il est bien monté sauf la dernière phrase ou effectivement tu retombes dans tes travers d'affirmation. Qui te dit qu'on accélère la décrépitude de la planète en travaillant plus ? Qu'est qui est ultra nécessaire pour la planète ?

Je prends un exemple, les déchets, effectivement il s se détériorent au bout de x années mais quelle est par exemple l'influence d'une bouteille en verre sur l'écologie de la planète. A ma connaissance aucune, c'est juste une pollution visuelle que l'Homme à du mal à accepter.
Pleins d'autres exemples existent.

Sinon, pour le temps libre, je ne pense pas qu'il faille donner plus de temps aux personnes respectueuses de l'environnement car ceci doit entrer dans les moeurs sans récompense. Et avoir dans notre société équitable, un suystème équitable, il faudra trouver une formule abraccadabrante pour prendre en compte tous les cas particulier. ex : moi je viens à vélo au boulot car je n'ai pas le permis (pas d'écologie la dedans) mais à côté de cela, je ne trie rien et je laisse allumé toutes mes lumières.

Enfin dans le fond cela part d'une bonne intention mais qui me semble difficilement applicable de façon efficace. En revanche, des lois écologiques simples, il serait bon d'en mettre en place comme la mise en place obligatoire de cuves de récupération d'eau dans les constructions qu'elles soient collectives ou individuelles. Ceci a beaucoup d'avantages que j'évoquerai bientôt !

2. Le lundi, 24 juillet 2006, 15:58 par Bob

Pour ce qui est de la question de la planète, il faut effectivement qu'on finisse par se défaire d'une confusion fréquente (il en est d'ailleurs question dans le bouquin que Merome m'a offert, que j'ai terminé et sur lequel je dois faire un billet en guise de devoirs de vancaces ;) ).

Ni la planète proprement dite ni la vie (au sens large) n'ont grand-chose à craindre de l'activité humaine, elles ont déjà traversé des cataclysmes plus conséquents que ce que nous avons pu inventer. Le troisième caillou en partant du Soleil existait bien avant M. Homo Sapiens et, selon tout vraisemblance, existera encore bien après. Le véritable enjeu n'est pas la préservation de la planète mais la préservation des conditions nécessaires à la vie humaine...

Il est d'ailleurs exact qu'à ce niveau, la bouteille en verre abandonnée dans la nature n'est pas dangereuse en soi (encore qu'en ces temps chauds, si c'est dans un champ de broussailles sèches...). Mais elle est "dangereuse" en cela qu'elle est un symptôme d'une attitude je-m'en-foutiste ("il y aura bien quelqu'un pour passer derrière moi" ou "une bouteille ça ne fera pas de différence") qui, elle, est dangereuse - et d'autant plus que les gens qui ont cette attitude envers les bouteilles ont tendance à l'avoir aussi envers leurs semblables...

Je ne sais plus qui avait dit que l'important dans la protection des condors, ce n'était pas d'avoir encore des condors demain, c'était de développer les qualités humaines nécessaires pour le faire, car on aura besoin de ces qualités pour nous protéger nous-mêmes. On peut appliquer ce même raisonnement aux bouteilles en verre.


Après, voir la proposition de Merome comme une récompense, ce n'est jamais qu'une façon comme une autre de présenter les choses. De la manière dont je le comprends, il n'est pas question de faire marcher les gens à la carotte, de *ré*compenser, mais de compenser (tout court) le surcoût de temps dû à l'acte écologique, quand il existe. Je prends un exemple très simple : un copain à moi brave deux fois par jour l'autoroute-de-la-mort (alias A31) dans sa voiture individuelle et polluante pour aller bosser. Tout simplement parce que si il voulait prendre les transports en commun, entre la marche, le train et les deux bus nécessaires, ça lui prendrait vite 1 à 2 heures de plus chaque jour. Dans cet exemple l'attitude écologique a un surcoût en temps réel et important, que seuls les plus intégristes les plus acharnés accepteront de prendre à leur charge.

3. Le lundi, 24 juillet 2006, 17:43 par Merome
Arnaud : ma dernière phrase est issue de la constatation suivante : plus l'homme cherche à produire pour consommer (à moins que cela ne soit l'inverse ?), plus la pollution augmente. Travailler plus pour gagner plus, c'est à terme pour consommer plus (ou alors quelque chose m'échappe). Si l'objectif est de consommer plus, il faudra produire plus, et donc prélever dans les ressources finies que nous possèdons. Voilà la base de mon argumentation, que tu peux partager ou non, mais ce n'est pas qu'une phrase en l'air pour faire réagir les gens, dont toi. Il y a un minimum de réflexion derrière.

Bob : "Le véritable enjeu n'est pas la préservation de la planète mais la préservation des conditions nécessaires à la vie humaine...", je crains que l'on ne mette en péril bien plus que l'espèce humaine dans notre délire. Nicolas Hulot pourrait te parler des milliers d'espèces qui disparaissent à cause de la déforestation ou des sacs plastiques dans les océans. Le caillou lui-même, effectivement, ne risque pas grand chose en nous supportant. Mais je suis sûr que tout le monde comprend aujourd'hui cet abus de langage. Il y en a d'ailleurs un autre célèbre : la notion d'"environnement", qui sous-entend qu'il y a quelque chose autour de l'homme, comme si nous étions au centre de tout, et surtout, comme si nous étions extérieurs au problème. Nous sommes DANS l'environnement, qui du coup n'en est plus un...

Quant au titre de l'article, encore une fois, ce n'est qu'un prétexte pour aborder les choses sous un angle particulier. Je ne voterais pas pour quelqu'un qui propose une RTT écologique, pas plus que je ne ferais cette proposition si j'avais un quelconque pouvoir. C'est juste pour s'aèrer l'esprit par ces temps de canicule, qui bien sûr, n'ont rien à voir avec l'effet de serre, la pollution, la croissance et la société de consommation...
4. Le lundi, 24 juillet 2006, 23:09 par Arnaud

merome,

travailler plus ne veut pas dire gagner plus. C'est simplement une façon comme une autre d'occuper son temps. J'ai un oncle qui , malheureusement (excusez moi de l'exemple macabre) a mis fin à ses jour à la retraite car il avait peur de ne plus travailler. Encore une fois, il existe bien d'autre cas que celui que tu abordes.

Sinon, je suis tout à fait d'accord avec Bob, c'est plus un état d'esprit à acquérir que la préservation de la planète qui a mon sens ou plutôt au sens géologique du terme ne risque rien. A moins qu'on trouve le moyen de la faire exploser (épisode IV de star wars). Désolé, je n'ai pas pu m'en empêcher.

5. Le mardi, 25 juillet 2006, 08:12 par Merome
"Travailler plus pour gagner plus" est le credo de la droite, c'est pour ça que j'en parle ici.
6. Le mardi, 25 juillet 2006, 12:25 par Arnaud

Pourquoi toujours tout ramener à la politique ?

7. Le mardi, 25 juillet 2006, 13:41 par Merome
Arnaud : Mais je fais ce que je veux ! Bordel ! :)
8. Le mercredi, 26 juillet 2006, 13:52 par Arnaud

j'aime quand tu te mets en colère ;)

9. Le vendredi, 11 août 2006, 10:07 par Nath

"Je prends un exemple, les déchets, effectivement il s se détériorent au bout de x années mais quelle est par exemple l'influence d'une bouteille en verre sur l'écologie de la planète. A ma connaissance aucune, c'est juste une pollution visuelle que l'Homme à du mal à accepter."
0o'
Drôle d'exemple... Biodégradable ou pas, un déchet est un déchet... qu'on ait le courage ou non de trier ses déchets, la première chose est déjà de savoir les jeter dans une poubelle, ce qui ne semble pas donné à tout le monde... Après, ce n'est plus une question d'écologie, mais de salubrité publique...

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