[Série] Les faces B

Une technique que semblent avoir les auteurs-compositeurs-interprêtes pour (re)trouver de l'inspiration, c'est d'écrire une chanson entière autour d'un jeu de mot, d'une métaphore ou d'une allitération. C'est Cabrel qui l'avouait, je crois, au sujet de la chanson "Debbie" ("La belle Debbie debout d'un bond ..."), mais on peut retrouver ce type de chanson "facile" chez divers auteurs.
Alain Souchon est un de ceux qui maitrise le mieux l'exercice, me semble-t-il, et les "filles électriques" est à mon avis ce qui se fait de plus abouti dans le genre.

Ici, l'auteur a joué sur le mot "fille" qui ressemble à s'y méprendre au mot "fil". Et il a donc logiquement décliné ceci en "fille électrique", et en tout ce qui peut découler du jargon de l'électricien moyen tout en décrivant adroitement les difficiles relations hommes/femmes.

Je vous livre les meilleurs passages :

Tout au long d'la vie qui pique,
On veut s'évader
En touchant, pour le physique,
Les filles dénudées.

Tout au long d'la vie, c'est sûr,
On s'abîme le cœur
À vouloir mettre la main sur
Les filles conducteur.
La mélancolie des passions
Nous chloroforme.
Faut refaire toute l'installation :
Rien n'est conforme.

Mais au-delà des paroles, c'est la chanson entière qui est réussie, avec un simple piano tout simple et tout triste comme j'aime. Souchon maitrise également les chansons avec un seul accord, voire une seule note (Arlette) sans qu'on s'en rende vraiment compte.
Du coup, on empoigne sa guitare, on récupère la partoche d'une chanson qu'on aime bien, on se dit, tiens je vais me jouer du Souchon. Et là, déception. C'est nul.

C'est peut-être ça qu'on appelle le talent.