Toute la neige tombe sur moi

Hier, journée à marquer d'une pierre blanche, comme la neige qui s'est abattue au rythme de mon moral. Mais j'ai survécu.

Histoire de bien me contredire, la Nature a fait tomber des tonnes de neige sur mon département, le mettant en "vigilance orange" chez Météo France. Cela a un peu bouleversé mes plans pour la journée. Récit.

Petit retour sur le veille, d'abord, où j'ai commis l'imprudence de lancer dans l'urgence ce que j'appelle dans mon jargon un "reset de Wargang". En clair, c'était le moment de lancer une nouvelle partie du célèbre jeu en ligne, et j'avais planifié ça pour le vendredi soir. Sans doute fatigué par une semaine de boulot harassante (Je ne vous permets pas de douter de ça !), je n'ai pas été particulièrement inspiré ce soir là, et j'ai commencé par supprimer par mégarde l'ensemble des règles du jeu, les records et la FAQ. Rien que ça. Il était tard, je n'ai pas eu le courage de régler le problème immédiatement et j'ai laissé pourrir jusqu'au lendemain.
A ce moment là du week-end, c'est la pluie et le vent qui s'abattaient sur la maison. Un vent à écorner les vaches, comme disaient les vieux. La pluie incessante de la journée de vendredi avait fait totalement fondre la neige des jours précédents, ce qui me laissait espérer un week-end tranquille, malgré l'alerte de Météo France.

Il faut dire que mon samedi était assez chargé : il fallait d'abord que je me mette en quête de trouver le matériau idéal pour ma future terrasse en bois. Il fallait que je règle ce petit problème de wargang. J'avais des places gratuites pour le match Sochaux Bordeaux à 17h15, auquel j'avais invité quelques membres de ma famille. Et le soir, j'avais des invités (dix !)...

Au lever, j'ai tout de suite été mis au parfum : la pluie de la veille s'était transformée en neige abondante, et c'est déjà 5 à 10 cm qui s'étaient étendues sur nos routes et ... mon satané chemin qui fait 70m de long !

Comme j'avais pris quelques engagements auprès de mes invités et que j'aime recevoir dans de bonnes conditions, cela m'obligeait à insérer dans mon emploi du temps déjà chargé une séance "pelle à neige" non négligeable. Les gens qui ne reçoivent jamais ne peuvent pas comprendre ça !
Nous avons choisi de commencer par la terrasse, malgré les routes assez peu dégagées, pour profiter du créneau horaire scolaire qui nous libérait d'un poids important (le poids est en CP !). En roulant doucement, aucune chance de se faire mal, mais le risque de rester planter quelque part. C'est toujours un peu stressant.

Au retour, la neige tombait toujours plus fort, j'ai donc attendu le dernier moment pour déneiger, histoire de pas travailler pour rien. Un peu avant midi, je me suis connecté pour voir ce que donnait mon reset de wargang. Un petit bug dont avaient profité quelques joueurs avait quelque peu modifié l'équilibre des chances, si important au début du jeu. Pas de quoi nécessiter un redémarrage, mais un peu gênant... Je profite de quelques minutes de libre pour régler mon problème de règles du jeu disparues, je récupère donc la sauvegarde de l'avant-veille, que je tente de restaurer sur une base vierge. Le temps de retrouver la ligne de commande mysql qui fait ça (heureusement, je ne m'en sers pas tous les jours), et hop, je lance la restauration.

Les choses ont commencé à se gâter. Ma ligne de commande était bien la bonne, mais le fichier de sauvegarde indiquait quelle base utiliser, et tout a donc été restauré sur... la partie en cours. Flash back d'une trentaine d'heures pour les joueurs connectés qui se retrouvent avec des personnages de la fin de la partie précédente. La misère.
Cette fois, continuer cette partie n'est plus possible. Je remets en place la dernière sauvegarde, et annonce aux joueurs qu'on joue pour du beurre, qu'il va falloir recommencer la procédure de reset. Comme il est midi passé, que j'ai trois tonnes de neige à déplacer, un match à 17h15 et des invités le soir, je ne donne pas de date précise, et je ferme l'ordinateur dépité, non sans avoir vérifié sur le site du FC Sochaux que le match était maintenu, et l'évolution de la situation sur le site de Météo France.

Après un repas équilibré (le samedi, c'est frites !), je me lance dans le blizzard pour commencer de pelleter. Arrivé au milieu de ma tâche, mon frangin me rejoint et m'aide à terminer le parking, qui devrait accueillir 4 voitures le soir. Il y a une vingtaine de centimètres de neige, et ça continue de tomber fort.


De retour au chaud, je me lance à nouveau dans la récupération des règles du jeu, cette fois en évitant de faire la même connerie étourderie. L'opération est assez complexe : tout est dans un forum PHPBB, mais je ne dois récupérer qu'une partie des messages du forum, dans une sauvegarde complète du jeu qui fait 120Mo (de texte brut !).
Enfin, j'y parviens non sans mal, et je jette un coup d'oeil sur le site du FC Sochaux : le match est reporté ! Pff, tout ça pour ça ... Quand je pense au mal que j'ai eu pour récupérer des places contigues pour pouvoir inviter mes proches... Enfin, les places restent valables pour la prochaine date, espérons que cela soit à une date jouable pour tous (en semaine, ça va moins le faire).

Entre temps, une partie de mes invités ont décliné par téléphone devant la météo plus qu'incertaine. Il n'a toujours pas cessé de neiger depuis tôt ce matin. Nous ne sommes que 12 à table, au lieu de 15. Vers 23h30, après une soirée agréable, nous sortons dehors pour constater les dégats : trente à quarante centimètres de neige, les voitures recouvertes... Inutile de songer à reprendre la route dans ces conditions, d'autant qu'il continue à neiger plein pot.



Il faut maintenant assurer le gîte pour 12 ! Heureusement, dans le tas, 6 enfants, que l'on peut entasser dans des lits de fortune sans qu'ils n'y voient d'inconvénients, au contraire : ça les amuse !
Minuit, tout le monde s'endort dans le silence blanc de l'épaisse couche neigeuse.

Lendemain dimanche, ce matin, donc, le spectacle est à la fois féérique et impressionnant. 50 cm de neige environ.



Des arbres chargés comme des camions GEFCO, leurs branches trainent par terre sous le poids. Marcher dans la neige est un véritable sport. Pris jusqu'aux genoux, il faut pratiquer des enjambées de géant pour avancer à deux à l'heure, avec la neige froide qui s'écoule lentement dans les bottes, paralysant le pied depuis le mollet jusqu'au plus petit orteil.



C'est dans ces conditions qu'il a fallu déneiger les 70 mètres de mon chemin, une nouvelle fois, pour que mes invités puissent enfin regagner leurs pénates. Cette fois, nous étions quatre, avec l'aide de mon voisin, pour réaliser ce travail de titan. Nous avons d'abord tenté la méthode Mac Gyver, avec un chasse neige manuel de fortune fabriqué à la va-vite avec deux planches qui trainaient dans mon sous-sol. On a facilement enlevé... les 10 centimètres du dessus avec cette méthode, et au prix d'un effort intense, exténuant.



Finalement, on a repris les pelles, et pendant près de deux heures, on s'est frayé un chemin en admirant le paysage à chaque fois qu'on relevait la tête.


Les voitures ont pu repartir, et arriver malgré des routes nationales encore fort peu déneigées. Mes invités ont du faire la même chose chez eux, pour accéder à leur propre garage, mais seuls...

La morale de l'histoire, je ne la tiens pas encore dans son intégralité, parce que c'est trop frais (si je puis dire). Mais il paraît clair que nous avons commis quelques imprudences et fait de mauvais choix. Le simple fait de maintenir notre invitation induisait déjà une prise de risque forcée à nos invités. Tout cela pour ne pas gâcher de la bouffe, ou pour s'entêter à respecter le planning prévu. Pire : si le match avait été maintenu, on y serait allé contre vents et marées, juste parce que c'était gratuit. Nous vivons dans un monde tellement matérialiste que nous sommes aveugles aux risques et persuadés d'être plus fort que les éléments, même s'ils se déchaînent.
Aveugles et inconscients, je m'étonne souvent de voir que les automobilistes roulent par temps sec bien au-delà de la vitesse autorisée, et même d'une vitesse que je considère comme excessive. Dépassements dangereux, distances de sécurité non respectées, de quoi se tuer au moindre imprévu, freinage d'urgence, pneu qui éclate...
Lorsqu'il neige, c'est l'inverse : les gens roulent au pas, là où l'on pourrait tenir facilement le 50km/h, sans prendre aucun risque, sauf celui peut-être de s'écraser mollement dans un bourrelet de neige et d'y froisser son pare-choc.
La conclusion que j'en tire est dramatique : les automobilistes ont plus peur de cabosser une aile plutôt que de perdre la vie. Leur bagnole est placée avant leur propre vie dans l'échelle des priorités. J'espère me tromper.

Enfin, bon, revenons à ma journée d'hier, pouvait-on prévoir ? Oui, d'une certaine façon, c'était prévisible. Et Météo France recommandait de ne prendre la voiture qu'en cas d'extrême nécessité, de se méfier des arbres abattus, de la potentialité dangereuse de l'évènement, inhabituelle pour la région et la saison, c'était alarmant. Alarmant, mais sur un ton convenu, presque administratif. Ça sentait tant le copier-coller, voire le traitement entièrement automatisé de données informatiques plus ou moins mises à jour et plus ou moins adaptées à la situation réelle, que je n'ai pas suivi les conseils. Si encore Météo France avait eu la bonne idée d'insérer dans son texte des précisions très locales. Du genre, "50 cm de neige prévue sur la pelouse du Stade Bonal", "N'imaginez même pas monter la côte de Maîche", ou "Le Ballon d'Alsace est fermé, 3 mètres de neige à son sommet"... J'aurais, nous aurions tous, sans doute, pris la mesure réelle de l'évènement.

Enfin, tout s'est bien terminé. Nous avons passé l'après-midi à plonger dans la neige, comme des gosses. Faire le saut de l'ange depuis le haut du toboggan, jouissif :)

Commentaires

1. Le lundi, 6 mars 2006, 01:28 par Enzo

j'ose ou j'ose pas ...

j'etais en tee shirt et short samedi apres midi car il faisait un magnifique soleil :? la température affichait un joli 14 /15 °

y a qu'aujourd'hui qu'on a eu du mistral. et un sale 5° ce soir a 22h

dur d'imaginer 50 cm de neige alors qu'on commence a ranger les blousons et sortir les shorts .

2. Le lundi, 6 mars 2006, 08:40 par steh

mince, je deviens ridicule avec mes 5cm de neige.
bon ben, je repasserai plus tard alors.

3. Le lundi, 6 mars 2006, 09:42 par Etheriel

"La dernière fois que j'ai vu de la neige, je me souviens, c'était il y a 40 ans, le 27 Novembre 2005"> pas de doute, je vais continuer à lire ce blog. Il suffit de regarder par la fenetre pour se rendre compte que Merome est clairement un visionnaire :)

4. Le lundi, 6 mars 2006, 14:16 par marzi

J'ai pas la meme conclusion sur "les gens sur la route". Moi, je ne pense pas qu'ils roulent trop lentement quand il neige (samedi, la voiture qui me précedait a fait un tete à queue), j'attends que tu ailles travailler avec ta "grosse voiture non équipée sur la neige" plutot que celle approprié et équipé, tu changeras peut-etre d'avis sur ceux qui roulent à 5 à l'heure.
Meme avis sur dimanche matin : ce fut épuisant de déneiger, mais chaque regard sur le spectacle qui nous entourait était enivrant. On a tous usé de nos appareils photos pour immortalisé ca... et puis, pour une fois, les automobilistes avaient enfin abandonnés leur voiture acceptant les contraintes météo (moi le premier, activité habituel du dimanche matin annulée), et donc, il regnait un calme surprenant... qui ajoutait au charme. Ajouter à ca les rencontres fortuites avec les voisins, tous équipés eux aussi de leur pelle à neige, ce fut pour finir une agréable matinée!

5. Le lundi, 6 mars 2006, 15:58 par Steh

Ca ma rappelle le mois de janvier ou je suis rentré de Vitry sur Nancy (1h15 en temps normal) et ou il m'a fallu 3 heures pour faire le trajet [grrr je ne trouve pas le code ascii pour le u avec accent grave, désolé].
Bref, je roulais à 50km/h et à 55, je sentais la voiture qui glissait. Apres tout, je devais meme rouler trop vite car si j'avais du freiner...
Bon, faut dire que ce jour la, y'avait personne sur la route.
En rentrant, la voiture était recouverte d'une couche de glace, de l'avant du capot jusqu'à l'arrière. Enfin, je comprenais pourquoi les essuies-glaces avaient tant de mal à bouger... trop lourd au bout de 2 heures de route.

Pfff, vivement que le climat se rechauffe, tiens je vais mettre la clim à fond pour accélérer le processus moi ;)

6. Le lundi, 6 mars 2006, 22:28 par Eric

Si je peux me permettre, HAHAHA, 50 cm de neige ya rien là !, non sérieusement c'est énorme, je dois vous avoué que la pelle à la Mac Guyver m'a bien fait rire. Dans mon coin de pays un Pick-Up(VUS) sur trois a une pelle mécanique sur le devant et faire deneiger son entrée pour toute l'hivers coute environ 250$.

7. Le mardi, 7 mars 2006, 08:51 par Arnaud

35 ans (enfin bientôt 36...) que j'attendais ça chez moi. J'avais bien vécu cela à Chamonix l'année des grosses avalanches qui avaient fait 12 morts.
Oui ! la neige j'aime ça, j'ai donc passé presque toute la journée dehors. Déjà le samedi j'ai eu du mal à me résigner pour aller me coucher. J'adore ce spectacle. Ensuite lever 6 heures le dimanche et hop, les raquettes et je me suis lancé dans une tournée du Pain : parents, beau-parents : 5 km tout de même et des ampoules pleins les pieds.
Ensuite, après un bon petit déjeuner (chez nous le boulanger avait réussi à faire du pain), j'ai pris la pelle et j'ai dégagé le garage, non pas pour sortir la voiture mais surtout pour anticiper le passage du chasse-neige (qui n'était plus passé depuis samedi 14h)
J'ai ensuite été aider les voisins (ce sont tous des retraités).

C'est incroyable les réactions des gens devant toute cette neige :
- il y a ceux qui râlent après les autorités parce que leur petit bout de rue n'est pas dégagé. Permettez moi cette remarques mais je les trouvent vraiment C... et égoïstes. Au lieu de profiter d'un moment qui n'arrive que tous les 50 ans ils ne pensent qu'à faire un procès à la planète entière. On a quand même eu le droit dans ma petite ville à une petition pour déneigement pas assez rapide. ON ETAIT DIMANCHE !!!!!

- Il y a ceux qui bougonnent. "Fait C...." et qui prennent leur pelle sans même un regard sur le voisin.

- Enfin, il y a ceux qui en profitent : Pour les enfants, c'est le bonheur, luge, igloo, batailles de boules de neige, et j'en passe. Quand on est gamin, on est très imaginatif avec la neige. Chez les grands, on a sorti les skis de fond, les raquettes (c'est mon cas). J'ai même vu passé dans la rue un traineau tiré par des chiens. Enfin les rues rendus au pietons, plus de voiture. Le bonheur quoi !!!!!!!

Enfin, pour terminer sur une note optimiste, C'est la première fois que j'ai vu les gens autant se parler dans les rues et c'est dans ces moments que ressortent quelques notions de solidarité.

J'espère que nous aurons droit à cela encore l'année prochaine !

8. Le mardi, 7 mars 2006, 11:33 par Marzi

Arnaud : je plussoie sur les trois types de gens !
Etheriel, tu t'es reconnu ? :)

9. Le mardi, 7 mars 2006, 19:08 par Etheriel

Oui: la neige me fait chier. J'aime pas ça. Je prefere le soleil, la plage, les short et les t-shirt. Et je ne vois pas pourquoi je devrais faire "comme tout le monde" et m'extasier devant "le spectacle"...

10. Le mercredi, 8 mars 2006, 08:51 par Marzi

Etheriel : visiblement, si c'est ca que tu aimes, il faut déménager :)

11. Le jeudi, 9 mars 2006, 13:41 par jeff56

C comme chômage, P comme précaire et E comme éjectable. Retrait, retrait, retrait du CPE

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