Idée saugrenue que j'ai eue dans l'après-midi : monter de toute pièce une fausse interview d'un homme politique fictif. Voyons ce que ça donne.

Nous recevons ce soir dans "On refait le blog", Dominique de Strauss-Sarkollang, l'homme politique qui, selon un sondage Hips-SOS arriverait en tête des intentions de vote. Voyons un peu ce qu'il pense de la situation actuelle :

On Refait Le Blog : Monsieur Strauss-Sarkollang, bonsoir.
Dominique de Strauss-Sarkollang : Bonsoir.
ORLB : Vous êtes aujourd'hui le mieux placé pour remporter les prochaines élections, qu'est-ce que cela vous fait, concrètement ?
DSS : Il ne faut pas vendre la peau de l'ours, comme on dit chez moi dans le Vercors, une région à laquelle je suis profondément attaché.
ORLB : Mais encore ?
DSS : Le fait d'avoir ainsi la confiance des français est évidemment très touchant et je leur en suis infiniment reconnaissant. Je ferai tout pour ne pas les décevoir.
ORLB : Justement, que pensez-vous que les français attendent de vous ?
DSS : De moi comme de n'importe quel homme politique, les français attendent que leurs problèmes quotidiens se résolvent tout en assurant un avenir radieux à notre pays.
ORLB : N'est-ce pas contradictoire ?
DSS : Quoi donc ?
ORLB : La solution aux problèmes quotidiens des français et l'avenir de la France ?
DSS : Je ne le crois pas...
ORLB : Quels sont, selon vous, les principaux problèmes que rencontrent les français aujourd'hui ?
DSS : Drôle de question. Le chômage, l'exclusion, l'insécurité... Il y a bien des choses à faire.
ORLB : Prenons le chômage pour commencer. Que proposez-vous à ce sujet ?

DSS : Il faut relancer la dynamique économique de la France. Ce qui crée des emplois, c'est l'entreprise. Et derrière l'entreprise, il y a l'entrepreneur. Il faut permettre à cet homme, cette femme, de créer son entreprise dans les meilleures conditions et lui permettre de la maintenir en vie aussi longtemps que possible.
ORLB : On est tous d'accord avec ça, mais comment, concrètement ?
DSS : En soutenant la croissance, en...
ORLB : Excusez-moi : quel rapport entre la croissance et l'emploi ?
DSS : Le rapport ? Il me semble évident. Il faut de la croissance pour créer de l'emploi. C'est la base de tout.
ORLB : Depuis plus de 20 ans, le PIB n'a fait qu'augmenter, ou presque. Le chômage... Ben, il a fait pareil.
DSS : Vous ne sous-entendez tout de même pas que c'est la croissance qui engendre le chômage ?!
ORLB : Je n'irai pas jusque là, mais je crois que les deux ne sont pas directement liées. A vrai dire, je vous pose la question parce que les chiffres disent le contraire depuis des années et que personne ne semble remettre ceci en cause.
DSS : Où voulez-vous m'emmenez ?
ORLB : Selon vous, comment les français envisagent leur propre bonheur ? Comment le mesure-t-ils ?
DSS : Eh bien, s'ils ont un emploi, des perspectives d'avenir...
ORLB : Comme disait Coluche : "de l'argent leur suffirait".
DSS : Si vous voulez... Il s'inquiète de son niveau de vie en quelque sorte.
ORLB : Par rapport à quels critères ?
DSS : Par rapport à son entourage, ce qu'il voit, ce qu'il entend. Et par rapport aux ambitions qu'il a, également.
ORLB : Vous voulez dire que son appréciation de sa situation est relative et non absolue ?
DSS : Oui, bien évidemment, un français se positionne par rapport à un référentiel français, je le crois.
ORLB : Un pauvre qui ne cotoie que des riches, par exemple, se sentira beaucoup plus malheureux qu'un pauvre entouré de gens de son niveau social ?
DSS : Euh... oui... Mais je n'aime pas opposer les pauvres et les riches, c'est un peu ... puéril et dépassé comme notion. Et ça n'avance à rien.
ORLB : Peut-on dire également que quelqu'un de très très pauvre sera d'autant plus malheureux, ou en tout cas percevra plus difficilement son propre bonheur, que son voisin est très très riche ?
DSS : C'est possible, oui, mais encore un fois, je trouve qu'on s'écarte un peu de la politique.
ORLB : Pas tant que ça : si l'homme politique souhaite répondre aux attentes des français, les rendre heureux, en quelque sorte, il doit savoir mesurer cette perception qu'ont les français de leur situation. Y a-t-il un indicateur qui renseigne le politique à ce sujet ?
DSS : Vous voulez dire des sondages d'opinion : "Etes-vous heureux, Oui ou Non, rayez la mention inutile" ?. La politique, c'est un petit peu plus compliqué que ça, je le crains.
ORLB : Je parlais plutôt d'un indicateur qui mesure les inégalités entre les français.
DSS : Sur quels critères ?
ORLB : Financier, notamment, vous savez comme moi que c'est le nerf de la guerre.
DSS : Donc, je vous réponds oui, il existe un indicateur, c'est le taux de pauvreté. C'est l'INSEE qui le calcule en se basant sur les salaires imposables.
ORLB : Que dit cet indicateur ?
DSS : Il baisse, naturellement, puisque la croissance économique, comme vous le souligniez tout à l'heure, est réelle depuis plus de 20 ans.
ORLB : Savez-vous comment l'INSEE calcule le taux de pauvreté ?
DSS : Je vous l'ai dit, à partir des revenus imposables.
ORLB : Il ne tient donc pas compte des revenus non imposables, les revenus du patrimoine entre autres...
DSS : Je fais confiance à l'INSEE sur le calcul de ce genre d'indice.
ORLB : Savez-vous par ailleurs que c'est sur la base du revenu médian qu'est calculé cet indice ? Et que par conséquent, si vous êtes au dessus du revenu médian, le fait de gagner 10.000 euros par mois, ou 100.000 euros par mois ne change strictement rien à la valeur du seuil de pauvreté ?
DSS : Le revenu médian gomme les valeurs extrêmes, mais il n'en reste pas moins que c'est un bon indicateur. Les statisticiens connaissent leur métier.
ORLB : Admettons... Donc cet indicateur est déjà utilisé par le gouvernement ?
DSS : Sans aucun doute.
ORLB : Sa dernière mise à jour par l'INSEE date de plus de quatre ans...
DSS : Et ?
ORLB : Dans le même temps, le PIB a été calculé au moins 16 fois, une fois par trimestre. Difficile de gérer un budget avec des indicateurs qui ont quatre ans de retard, non ?
DSS : Pour tout vous dire, le taux de pauvreté n'est pas très utile en politique, nous n'avons pas de prises dessus.
ORLB : C'est vous qui m'en avez parlé.
DSS : Vous m'y avez poussé, en m'amenant sur le chemin tortueux du bonheur des français. Mais je le répète, c'est un indicateur secondaire.
ORLB : Comme le bonheur des français ? Secondaire ?
DSS : Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit.
(à suivre)

Commentaires

1. Le lundi, 22 août 2005, 23:05 par Tonytheo

J'adore !! :-D

On reverait d'une interview comme celle-ci à la télévision.
Mais quelle chaine pourrait diffuser ça ?
Et, quel homme (femme) politique oserait affronter ces fameuses questions a chemins "tortueux" ?

Rhaaaaaaaa, la politique....

:-D

2. Le mardi, 23 août 2005, 08:16 par Merome
Qui te parle d'une chaine ? Une interview ça peut se faire sur papier ou sur le web, tiens...
3. Le mardi, 23 août 2005, 15:28 par Arnaud

Je n'aurais qu'un mot :

C'est du "BONHEUR"

Félicitations

J'attends la suite avec impatience

4. Le mardi, 23 août 2005, 15:37 par marzi

"ORLB : Depuis plus de 20 ans, le PIB n'a fait qu'augmenter, ou presque. Le chômage... Ben, il a fait pareil."

Un truc m'interroge : le PIB a certe augmenter, mais la population aussi.
Si on considere que la population augmente de 1.5% par an (attention, je ne mets que de faux chiffres, je ne sais pas les vrais, et peut-eter qu'avec les vrais chiffres, ca prouve que ce que j'énonce ne tient pas, je n'en sais rien!), cela veut dire que si la croissance est inférieure à 1.5%, elle ne sera pas suffisante, et donc, pour rejoindre la théorie de Dominique de Strauss-Sarkollang, on perdra des emplois, alors que si elle est supérieure à 1.5%, on en créera. C'est sans doute pas aussi mathématiquement vrai que ca, mais ca pourrait s'en rapprocher, non ?

Au passage : le nom virtuel Dominique de Strauss-Sarkollang est moyennement choisi, car le "dominique de" sensé rappelé notre premier ministre colle avec le "strauss-", ce qui fait que DSK est sur-representé dans ce personnage virtuel :)

5. Le mardi, 23 août 2005, 17:13 par Merome
DSK est sur-représenté parce qu'il est aussi le plus visé. Hollande est presqu'invisible alors qu'il est bien là :) La croissance par rapport à la démographie, j'y crois pas trop : il y a des économies d'échelle. Par exemple, entre un célibataire et un couple, tu n'as pas besoin d'avoir deux fois plus de ressources. Et c'est difficile de finir une boite de ravioli seul...
6. Le mardi, 23 août 2005, 19:39 par Toff

Un peu sympa ton homme politique^^ il repond a tout^^

7. Le mercredi, 24 août 2005, 21:33 par Marzi

<HS powaaaaa>
J'y arrive très bien, moi, à finir la boite de ravioli seul.

8. Le jeudi, 25 août 2005, 08:20 par Bob

Beuhhhh, t'as bien du courage.

9. Le vendredi, 26 août 2005, 15:11 par Arnaud

Ca dépend toujours de la taille de la boite. Mais effectivement c'est possible de la finir.

Bon sérieusement, je suis d'accord avec merome, il est possible defaire des économies d'échelles. Pour avoir vécu longtemps célibataire et maintenant en couple, on dépense beaucoup moi à deux qu'à un surtout pour la bouffe. Et pourtant je n'ai pas l'impression de manger moins !!!!

D'ailleurs, quand on est en couple, on n'achète pas tout en double, donc pour faire augmenter la croissance, divorçons et vivons seul. Au moins là, on dépensera beaucoup plus !!!

10. Le mercredi, 31 août 2005, 22:12 par Tonytheo

"Qui te parle d'une chaine ? Une interview ça peut se faire sur papier ou sur le web, tiens..."

Je n'ai pas dit le contraire !!
Je reverai seulement la voir sur chaine à une heure de grande ecoute, puisque c'est le media le plus a même de toucher la majorité.
La radio, la presse ecrite (ou le web) ont pour moi un interet des meilleurs, mais la diffusion télévisée me paraissait plus amusante !
Et puis, j'abondais dans le sens utopique de ta fausse interview ;-)

11. Le mardi, 13 septembre 2005, 14:43 par Ysengrin

Tiens, bonne question, d'où vient le chômage ? Ce monsieur, Jean-Marc Jancovici, a une explication assez intéressante... mais inquiétante, à lire ici :
www.manicore.com/document...

Après, je me désolidarise de ses réponses... la solution, pour lui, c'est le nucléaire... :-((

(Hi hi hi il me stimule ton blog, je squatte ta liste des derniers commentaires, aujourd'hui !)

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