A qui peut-on faire confiance (de nos jours) ?

Pour ceux qui n'ont pas le temps de tout lire, je donne la réponse : à personne.

Autrefois, il y a à peine une ou deux générations, c'était hier, le respect et la confiance envers son prochain était, il me semble, bien plus développés.
Faisons ensemble le tour des gens en qui nos (grands) parents avaient une confiance aveugle, et que nous ne cessons de remettre en cause aujourd'hui.

Le curé : Notable de premier ordre, le curé était autrefois respecté à la fois pour sa connaissance et son lien privilégié avec Dieu (on ne sait jamais, ça peut servir !). Aujourd'hui, la culture est bien plus uniformément répartie et la croyance, au contraire, plus diffuse. On sait aujourd'hui qu'un curé, comme un autre homme, peut-être pédophile, malhonnête, macho ou borné (liste non limitative, mais ne les accablons pas non plus !). On hésite alors bien plus à lui confier nos enfants pour une séance de catéchisme.

L'Instituteur : Je mets une majuscule au I, pour montrer le profond respect qui existait pour cette profession il y a quelques années encore. Représentant de l'instruction et de la culture jusqu'au plus petit village de campagne, le parent d'élève d'antan était subjugué par les connaissances de cet homme/cette femme. Aujourd'hui, on le sait, les professeurs des écoles aussi ont des lacunes. En orthographe, en calcul, en géographie, on ne peut pas être bon partout. On remet même en cause l'aspect pédagogique de la profession.

Le maire et plus généralement, l'homme politique : Lui aussi était au-dessus de tout soupçon, au service des autres, travaillant pour l'intérêt de tous... jusqu'à la médiatisation des "affaires", détournement d'argent public, abus de biens sociaux, enrichissement personnel... Le politique, aujourd'hui, plus personne ne lui donne sa voix.

Le commerçant : Autrefois de bon conseil, le commerçant est aujourd'hui le pire des arnaqueurs. Cette semaine encore, en achetant deux fauteuils hors de prix, j'ai pu le constater : quelques mois avant, la vendeuse nous avait expliqué qu'elle avait chez elle le même canapé en PVC que celui qu'on était en train de lui acheter, et que c'était d'entretien facile. Cette fois-ci, devant notre hésitation à prendre de la micro-fibre, elle nous a certifié qu'elle avait un salon dans cette matière. Et quand on lui a parlé de notre projet d'acheter un matelas, elle venait elle aussi de s'en acheter un, et c'était encore une fois le même que nous. Si c'est pas de la symbiose, ça.

Le voisin : Indispensable compagnon d'infortune quand la cave était inondée ou quand la voiture était en panne... De premier secours, le voisin est devenu l'ennemi public numéro un, celui qui vous enfume, vous pollue, vous dérange et tente de gagner quelques centimètres sur votre lopin. La seule chose que vous lui confieriez aujourd'hui, c'est la garde de votre belle-mère, et encore, avec la crainte de le voir la remonter un peu plus contre vous.

L'ami : Le bon copain d'école, celui qui a partagé vos bétises les plus innomables est aujourd'hui le possible amant de votre femme. Pire, il serait prêt à détruire votre couple pour mettre la main sur votre maison.

Le conjoint : Le cercle se resserre et il n'en reste plus qu'un(e), celui/celle qui partage vos nuits, vos doutes et votre boite de cassoulet le dimanche soir. Il est le plus apte à vous comprendre, à vous soutenir, mais lui aussi à sa propre vie, ses besoins, ses envies et ses goûts. Le machisme flagrant qui régnait au cours des générations passées masquait ces désaccords et les difficultés inhérentes. Bobonne à la maison, obligée de rester là pour que Monsieur la nourrisse gentiment, en échange du ménage, de la cuisine et de la lessive, c'était le bon temps.

Nous voilà tout seul avec nos problèmes et nos crises existentielles, entrant de plain pied dans le cercle vicieux de l'individualisme forcené. Reproduisant sur votre conjoint, vos amis, voisins, clients, ... le schéma qui vous laisse dans le plus grand désarroi dans les moments de grandes solitudes.

Doit-on en conclure que "c'était mieux avant" ? Ce serait une bien pauvre analyse de la situation. Je dirais plutôt que notre connaissance et notre culture nous font jaillir aux yeux une vérité qui a toujours été, et même deux :

L'homme est un loup pour l'homme
et
L'ignorance est un bienfait

PS : Quoi que vous en pensiez, cet article désabusé est pourtant optimiste, si si ! Relisez bien...

Commentaires

1. Le lundi, 22 août 2005, 13:52 par Bob

Peut-etre que tu devrais changer d'amis alors ;)

Pour ton exemple des commercants, tu confonds : tu nous a parle d'un commerc*ial*, d'un vendeur de soupe. Bien heureusement il reste des "vrais" commercants, de ceux qu'on connait bien parce qu'on va chez eux toutes les semaines, qui sont toujours prets a rendre tel ou tel menu service, avec qui on aime s'attarder quelques minutes a discuter, eventuellement avec qui on finit par se tutoyer, a la longue. J'ai la chance d'en connaitre un ou deux comme ca, et croyez-moi ca fait partie du bonheur :)

Je note que tu n'as pas evoque les medecins... Il m'a fallu plusieurs annees avant de trouver un generaliste avec qui je me sente en confiance. Je me retrouvais regulierement chez des types qui me prescrivaient a la louche des traitements prets-a-servir qui me laissaient au bout de 15 jours a peine mieux qu'avant. Aujourd'hui j'ai trouve un medecin qui explique ce qu'elle prescrit, pourquoi elle le prescrit, pourquoi elle ne prescrit pas autre chose et qui (fait unique dans mon histoire personnelle des medecins) consulte son Vidal avant de le faire.

Il suffit de ne pas desesperer et de continuer a chercher :)

2. Le lundi, 22 août 2005, 14:45 par Merome
Rigolo parce que l'article original que j'avais en tête parlait justement du médecin, cas typique du gars auquel on fait confiance par obligation. Récemment, j'ai pris conscience que les médecins n'étaient que des professionnels comme les autres. Il y en a des bons et des mauvais, des honnêtes et des malhonnêtes. J'étais crédule avant ? Peut-être...
Le site de Martin Winckler n'est pas étranger à cette prise de conscience.
3. Le lundi, 22 août 2005, 18:49 par sam

Très bonne article, la première phrase donne déjà envie de lire la suite....
A propos des instits', j aimerais ajouté que, selon moi, se ne sont pas les lacunes en orthographe, calculs etc... qui sont les plus embétentes. Les lacunes qui sont plus problématiques sont leurs lacunes de psychologie. Par exemple, je me rappel que j étais pas une lumière en allemand et alors mon cher prof d'allemand dit ''cette note colle bien avec ton prénom''
Ce genre de réflexion me dérange plus que un prof qui ne sait pas correctement écrie et/ou calculer correctment

4. Le mardi, 23 août 2005, 09:01 par marzi

Enfin, la, ce genre de reflexion est carrément passible de la justice...

5. Le mardi, 23 août 2005, 09:07 par Bob

Hier soir, curieuse reponse a mon commentaire du matin : on avait reserve dans un restaurant qu'on aime bien et ou on avait jusqu'alors toujours ete parfaitement recus... Plus d'une demie-heure apres avoir ete installes et munis de cartes, personne n'etait repasse s'inquieter de notre cas, alors que des tables arrivees apres nous avaient eu le temps de s'installer, prendre l'apero, passer commande et attaquer l'entree...

Nous sommes donc alles diner en un autre lieu, qui fait sa propre biere et qui nous a sauve notre soiree (pourtant mal entamee). Voila, c'etait juste pour illustrer les faceties de l'existence, laquelle ne manque jamais de nous faire un pied-de-nez quand l'occasion se presente :)

6. Le mardi, 23 août 2005, 12:24 par sam

tout a fait d'accord avec marzi, je pense que la peine capital serait requise pour ce genre d 'atitude^^ :twisted:

7. Le mardi, 23 août 2005, 17:14 par Merome
Suis-je le seul à ne pas avoir compris l'histoire du zéro et du prénom ?
8. Le mardi, 23 août 2005, 19:25 par Etheriel

non merome, tu n'est pas le seul... pas compris non plus !

9. Le mardi, 23 août 2005, 20:51 par Marzi

Tss : carton rouge pour Etheriel et Mérome :)

10. Le mercredi, 24 août 2005, 06:14 par Bob

En matiere de profs, notez qu'on trouve egalement des cas graves dans le superieur. Quand j'etais en premiere annee de prepa, j'ai subi un prof de physique qui a commence le premier cours en nous disant que sur l'ensemble des domaines au programme de l'annee, il y en avait un seul qui l'interessait, deux dans lesquels il etait "totalement nul" (ce sont ses propres mots, je m'en souviens comme si ce n'etait pas il y a 12 ans), et le reste qu'il connaissait vaguement "parce que c'etait son metier et qu'il fallait bien"... je crois que ca explique en bonne partie mes notes abyssales de physique-chimie pendant ces deux ans :(

En premiere annee d'ecole d'ingenieur, j'ai eu un prof qui a entame ses cours en amphi en nous disant que la matiere ne l'interessait pas, et que ca ne l'interessait pas non plus de faire cours a des etudiants de premiere annee ou de licence. En TD il etait tout simplement cataclysmique. Il se ridiculisait au tableau sur des exercices de debutant, tentait de se raccrocher aux branches avec des excuses foireuses du genre "j'avais prepare a la maison mais la j'ai un trou", et il ne comprenait meme pas quand on lui dictait la solution...

Mon court passage en recherche et enseignement m'a laisse l'impression que c'est tout simplement les criteres de recrutement qui sont mauvais.

D'une part, le niveau demande pour les enseignants est trop eleve. Les examens de type CAPES ou agregation attendent des connaissances *beaucoup* plus etendues que ce que les candidats devront, a terme, enseigner. Autant je concois volontiers qu'il est necessaire de bien maitriser le programme, autant je ne crois pas qu'il soit indispensable d'avoir un niveau de maths bac + 5 pour aller apprendre les fractions a des collegiens ou les integrales a des lyceens.

Quand j'entends dire par des amis enseignants qu'a l'agregation les sujets sont tels que les admis a l'oral ont 6 ou 7 a l'ecrit, je me dis qu'il y a un probleme. A mon avis, cette barre de niveau a elle seule exclut de la profession un nombre important de candidats qui avaient tout a fait le niveau pour etre de bons profs.

Apres, il y a aussi et surtout la pedagogie. Je ne connais pas le cursus enseigne dans les I.U.F.M. mais tous ceux que je connais qui en sont sortis disent que c'est nul et inadapte...

Et dans le superieur, c'est pire encore puisque les postes de professeur ou de maitre de conference, qui incluent un tiers-temps d'enseignement *obligatoire* sont attribues uniquement sur des criteres de *recherche*; ce qui n'a rien a voir. Au cours de mon cursus, j'ai connu des gens qui sont d'excellents chercheurs mais des pedagogues pitoyables, et de tres bons cours realises par des thesards qui au bout du compte n'ont jamais soutenu - j'ai ete moi-meme dans ce cas. Sauf que cette derniere categorie se retrouvera de fait interdite d'enseignement pour cause de non-recherche.

Tel qu'il est fait a l'heure actuelle, le systeme exclut de ses rangs des personnes competentes (et absorbe des personnes incompetentes), sur la base de criteres inadaptes. Ce qui est d'autant plus vexant, c'est que quand j'ai interrompu mon cursus, mes responsables de recherche et d'enseignement ont tous les deux - separement - deplore que ce dont ils auraient besoin c'etait precisement d'enseignants "purs", pour que les etudiants aient de bons profs et que les bons chercheurs ne soient pas detournes de leurs travaux par un travail d'enseignement qui, au pire, les emmerde.

11. Le mercredi, 24 août 2005, 06:15 par Bob

(Bon sang, quelle tirade. Ca ne me reussit pas d'etre reveille a 5 heures du mat' :) )

12. Le mercredi, 24 août 2005, 09:27 par Merome
C'est à se demander si je dois laisser les commentaires ouverts :)
13. Le mercredi, 24 août 2005, 11:33 par calipso

Je ne suis pas aussi dépitée sur la méthode de sélection des enseignants que toi Bob. Comme toi ,je suis tombée sur des nuls mais je suis tombée aussi sur des gens qui même avec le recul m'étonnent encore.
La sélection sur le niveau d'étude trop élevé est pour moi un faux problème.Je trouve normal que les enseignants aient un certain niveau d'étude.
Ce que je trouve effectivement déplorable c'est que des gens compétents mais cons puissent enseignés.
Pour reprendre les mots de Merome , il faudrait un indicateur qui mesure les qualités humaines des futurs enseignants.
Peut-être que l'enseignement des futurs enseignants devrait se porter plus sur l'aspect psychologie que sur la théorie.

14. Le mercredi, 24 août 2005, 16:30 par Bob

Je ne dis pas que je ne suis tombe que sur des nuls. Au contraire - et heureusement - j'ai aussi des profs competents et qui savaient transmettre l'interet de leur matiere et le plaisir d'enseigner. Ce sont eux qui ont fait que j'aurais aime devenir professeur, c'est le systeme qui m'en empeche (meme si je sais qu'il y a des possibilites, mais beaucoup plus difficiles d'acces).

Comme toi, ce que je deplore c'est surtout que le systeme accepte des gens qui ne sont visiblement pas faits pour ca.

15. Le mardi, 13 septembre 2005, 14:10 par Ysengrin

A moi !

Si si si, files-moi, mettons, dix briques, je te les rends dès que t'en as besoin, tu peux me faire confiance !

Bon blog !

16. Le mardi, 16 mai 2006, 10:24 par Voli Aerei Low Cost

I use Firefox in Ubuntu :)

17. Le dimanche, 4 novembre 2007, 17:00 par hello

ca me dépasse tous ces discours je le demande seulement si il faut faire confiance à sa conscience? à méditer

bon courage pour les personnes qui tentenet le CAPES et les enseignants dans leurs dures taches... votre métier n'est pas le plus fatiguant du monde; pensez à nous pauvres élèves qui sommes les premeirs touchés par les de prof et leurs manière ^^

nimp l'élève

d'accord je vais finir mes devoirs

^^
a +
Hello

18. Le mardi, 24 mai 2011, 13:33 par coco14430

c'est comme si vous etiez dans ma tete...

Ajouter un commentaire

Les commentaires peuvent être formatés en utilisant une syntaxe wiki simplifiée.