La grande boucle

Détrompez-vous, je ne suis pas un fan de vélo, ni même de tout autre sport. Je suis d'ailleurs incapable de vous dire qui porte le maillot jaune aujourd'hui, qui a gagné hier, alors que je l'ai vu passé certainement devant mes yeux ébahis.
J'avais choisi d'aller dans un petit patelin alsacien plutôt qu'au-dessus du ballon d'Alsace sans doute bourré de monde et inaccessible, l'objectif était simplement de faire une petite sortie gratuite pour les enfants, et de voir un peu la grosse organisation qu'il y a autour de cet évènement.
Suivant les recommandations officielles, je me suis présenté à 14h30 dans le village choisi pour voir passer la caravane dix minutes plus tard. En réalité, la caravane était déjà commencée depuis un moment, je pense qu'on en a loupé la moitié D'ailleurs, tous les spectateurs ou presque étaient déjà affublés d'un bob "Skoda" ou d'une casquette "Champion" à pois rouge (meilleur grimpeur).
On a bien vu passer "Cochonou", "Aquarel de Nestle", "France Telecom", "Cofidis"... Mais ils n'ont distribué que peu de chose, et comme nous n'étions pas en avance, pas évident d'attraper quelque chose. D'autant que le spectateur français, on s'en doute, raffole de ce qui est gratuit. Moi le premier, j'ose le dire. Quand j'ai fait un croche pied à une vieille dame pour éviter qu'elle me chipe le porte-clé Cofidis qui m'était destiné, tout le monde l'a bien vu. Idem quand j'ai poussé violemment ce gosse qui en voulait à MA paire de ballon pour applaudir (des trucs gonflables qu'on frappe les uns contre les autres pour faire du bruit sans se taper les mains).
A chaque voiture de la caravane, c'était le même scénario : les spectateurs mendiaient un gadget, et les hotesses dans les voitures le leur jetaient comme on jette des cacahuètes aux singes du zoo.

Aussi, vers la fin de la caravane, une camionnette s'est arrêtée, devant nous. Le conducteur nous a expliqué gentiment qu'on arrivait à la fin de la caravane et que si l'on avait été oublié par ladite caravane, on pouvait repartir avec un souvenir officiel, à savoir la casquette officielle, deux magazines, un parapluie officiel et tout ça, pour seulement 5 euros. Le spectateur moyen (je répète que je m'inclue dans cette appellation) ne peut s'empêcher de trouver déplacée cette démarche commerciale, alors que tout jusque-là avait été gratuit. C'était comme les petites lignes en bas d'un contrat d'assurance, tout le monde a flairé l'arnaque. Qu'est-ce que donne la casquette officielle à 5 euros par rapport à la casquette "Champion" gratuite ? Plus d'ombre ? Certainement pas. Quelques spectateurs ont quand même couru acheté le souvenir officiel à l'arrière de la camionnette, mais les autres, pour la plupart, se sont laissés allé à un "bouhhoouu" contestataire et Asterixien.
Contre toute attente, le conducteur/commentateur a entendu notre cri protestataire et s'en est étonné, il a alors commencé un petit monologue sur un ton légèrement humoristique, mais un peu donneur de leçon :

Qui c'est qui a fait "Bouhouu" ?

Pourquoi vous faites "Bouhou" ?
Je vous offre deux magazines, la casquette officielle, le programme du tour, ... pour 5 euros seulement et vous faites "Bouhou" ?
Quand vous allez chez le boucher, et qu'il vous dit : le steack, c'est X euros le kg, vous lui faites "Bouhou" ?
Quand on est adulte, on fait pas "Bouhou"

Et il répète sa tirade publicitaire, qui est suivie cette fois d'un énorme "Bouhou" !
Le conducteur fait un geste de dépit, puis, une fois que les derniers clients sont partis, repart en secouant la tête. De son côté, l'hotesse qui vendait les articles, dans le coffre, dit distinctement : "Y a des blaireaux, là !".

Cette scène m'a paru tout à fait étrange. La réaction du public m'a semblé naturelle, tout à fait compréhensible, bien que contestable. Celles du conducteur et de l'hôtesse semblait pourtant montrer que c'était une des premières fois que ça se produisait.
D'autres camionnettes du même type ont tenté l'arrêt sur notre carrefour, mais ils sont aussi vite repartis, rabroués par le public d'une façon encore plus franche.
Je vous laisse imaginer l'accueil qui a été réservé à la camionnette suivante, qui vendait le T-Shirt officiel pour 15 euros ! Encore plus cher ! On a frôlé l'insurrection ! Le lynchage était tout proche. On leur aurait bien balancé nos porte-clés à la gueule s'ils n'avaient pas été gratuits. Non mais !

Les coureurs sont enfin arrivés, le premier avait 4 minutes d'avance sur le groupe de poursuivants. J'ai tenté de le prendre en photo, et mon appareil numérique s'est déclenché précisément quand le coureur passait derrière un panneau du carrefour. J'ai toujours pensé que j'aurais du être photographe...



J'ai réussi à choper les autres coureurs, mais du coup j'ai absolument rien vu de mes yeux. Et mes photos sont toutes floues...

Les poursuivants :




L'hélico, intéressant, n'est-ce pas, l'hélico du tour de France !




Notez que j'ai le maillot jaune bien net, mais malheureusement, il n'était pas à vélo


L'hélico !