C'est le titre du bouquin de Pierre Botton que j'ai emprunté à la bibliothèque et que je suis en train de feuilleter.

Vous le savez, je n'hésite pas une seconde quand il s'agit de vous éclabousser de ma supériorité culturelle en vous détaillant tous les livres d'aspect rébarbatif que je me tape en ce moment. Le dernier à trôner sur l'étagère de mes toilettes est donc le livre de Pierre Botton, que j'ai choisi en quatrième vitesse à la bibliothèque l'autre jour, alors que mes deux monstres tiraient ma manche avec insistance pour que je les emmène au rayon des "Oui-Oui".
Pierre Botton est l'homme aux mille scandales médiatico-politico-judiciaire d'il y a quelques années. Son livre tente de faire le tri entre ses "vrais" amis, et les autres, qui se sont détournés de son chemin dès qu'il n'y avait plus que des ennuis à en retirer. Auparavant, tous ont bien profité de ses largesses, qu'il finançait avec l'argent des multiples sociétés qu'il dirigeait, et de ses relations, qu'il avait tissées dans le monde médiatique et politique parce que ce qui brille l'attirait, il le dit lui-même.
Le portrait qu'il dresse de Jacques Chirac est assez sévère, et j'invite tous ceux qui pensent encore que cet homme a du charisme et/ou du talent, à le lire. Avec les quelques années de recul, la valeur des propos de Botton est multipliée.

Mais ce qui m'intéresse au plus haut point dans ce bouquin, ce sont les descriptions d'un monde que je ne connaitrai sans doute jamais et c'est tant mieux, celui des médias, de la politique et du fric. Comme beaucoup, je pense, je suis un peu fasciné par ce qui se passe derrière les caméras, chez les gens célèbres. Certains traduisent cette fascination par la lecture de Voici ou Paris Match, personnellement, je préfère essayer de comprendre ce microcosme par les affaires qui s'y passent souvent. "Mes chers amis" n'aborde pas cette description directement, mais c'est encore plus réaliste, parce que c'est par petites touches, d'une page à l'autre, qu'on découvre ce qu'est la réalité du show-biz et de la politique.

On se doute tous de l'énormité du fossé qui sépare nos vies de celles de ces gens là. Mais malgré nos doutes, je crois qu'on ne se rend pas compte et qu'on ne peut pas se rendre compte, vu de notre place. Le référentiel est différent, les repères ne sont pas les mêmes, on ne peut pas comprendre. Par exemple, Botton explique comment il a invité je ne sais quel sommité médiatique à venir essayer une Formule 1, en louant tout un week-end le circuit du Castellet et en offrant à ses invités l'aller-retour en jet privé et les repas qui vont bien. Dans toutes les pages du bouquin ou presque, il est question de diners avec des gens connus, dans des restaurants hors de prix, dans des conditions particulières. Des week-ends de ski ou de soleil offerts à de multiples reprises, des téléviseurs énormes offerts à des gens qui avaient ce qu'il faut pour se les payer... C'est écoeurant.
Moi-même, me considérant comme relativement aisé, n'hésitant pas à acheter un fauteuil de bureau en solde chez Conforama à 64.50 euros (c'est mon premier article sur ce fauteuil, avouez qu'il est chic, non ?), je suis à des années lumières de... ne serait-ce que conceptualiser ce niveau de vie. Et je parle ici de Pierre Botton, pas de Bill Gates dont la fortune est colossalement plus élevée... La tête me tourne.
Et c'est l'occasion pour moi de me demander à nouveau si ce déséquilibre n'est pas la cause profonde des crises que traversent notre société. On en a déjà parlé ici, le salaire des patrons, des vedettes de foot ou de télé s'explique en partie par la spécificité de leur talent, leur "irremplaçabilité". Mais même en considérant ceci, je n'arrive pas à me convaincre que de telles différences soient normales, et surtout souhaitables pour notre société.
Pierre Botton, après tout, n'était qu'un chef d'entreprise qui a cultivé les bonnes relations pendant un temps. Son talent méritait-il un tel niveau de vie ? Et ceux qui le cotoyaient méritaient-ils ses cadeaux et ses faveurs ? Je ne finis pas d'en douter.
On pourra me rétorquer que la justice a mis fin à ce manège et que finalement, tout est bien qui finit bien. Mais j'ai peine à croire que le système ait changé depuis les années 1990, j'ai même la faiblesse de penser que les choses se sont empirées : les médias ont pris une place encore plus prépondérantes, le star système est à son comble avec les émissions de télé réalité qui invitent les losers des générations passées.

Le constat étant encore une fois posé, je ne peux m'empêcher de proposer une nouvelle fois "ma" solution, on me reprocherait de ne pas le faire (la critique est aisée, mais l'art difficile, aurait dit le grand père d'un des commentateurs réguliers de ce blog).
Le noeud du problème est dans le partage des richesses. Aujourd'hui, c'est l'impôt, notamment, qui se charge de redistribuer les richesses et on sait les problèmes que cela occasionne. Pourquoi, demain, ne pas utiliser plus efficacement dès leur création les richesses produites par les hommes et les femmes de notre pays ? Pourquoi redistribuer au lieu simplement de distribuer ?
C'est à mon avis dès le début du cycle qu'il faut s'attaquer au problème, en diminuant les disparités entre les classes sociales. Attention, surtout ne pas les supprimer : je ne crois pas un seul instant que cela fonctionnerait. Mais que les différences de revenus et de niveaux de vie aient un sens réel, une justification presque mathématique. Ça me semble être du plus élémentaire bon sens que chacun puisse comprendre les règles du jeu auquel nous jouons tous, de gré ou de force.

Commentaires

1. Le mercredi, 6 juillet 2005, 20:22 par Etheriel

Ben dis donc, t'aurais dû faire plus souvent des dictées en anglais: c'est "loser" et pas "looser" ;)

2. Le mercredi, 6 juillet 2005, 20:49 par Merome
Et toi, vérifie tes lunettes, il n'y a jamais eu de fautes 0:)
3. Le mercredi, 6 juillet 2005, 21:48 par Etheriel

Editer son billet, c'est mal ! Tricheur :)

4. Le vendredi, 8 juillet 2005, 07:39 par Steh

Il doit meme pouvoir editer ton commentaire pour te faire dire: Editer ton billet, c'est super ! Dieu :)

(Je ne me permettrais pas d'éditer les commentaires des autres, oups - Merome)
5. Le samedi, 9 juillet 2005, 23:14 par twix

J'avais lu ce livre lorsqu'il était sorti, Botton était venu chez Ardisson pour en parler.
Moi qui n'aime pas trop lire j'ai dévoré ce livre en un rien de temps :-)

6. Le samedi, 26 janvier 2008, 18:57 par colette

Le meilleur des livres de Pierre : "COMMENT REMONTER LA PENTE" je le conseille vivement. Moi qui après avoir eu 18 ans de vie aisée avec mon époux médecin, son décès il y a 5 ans, Pierre Botton merci votre livre m'aide à m'en sortir, car dès que je me retrouve avec un problème, je pense à vous.

7. Le dimanche, 27 janvier 2008, 20:13 par GIRAN

Cher Monsieur

Il y a quelques mois nous nous sommes croisés dans un TGV. Moi je descendais à la Part Dieu et vous à la gare du Ceusot. Vous aviez un casque de moto à la main.
Dans le TGV j'ai hésité à vous aborder car vous étiez accompagné.
En fait je vous admire, car moi aussi je suis un ancien détenu, mais j'ai ce suprême avantage sur vous, je suis inconnu.
Après 20 mois de détention, j'ai reconstruit ma vie sans difficulté, car je suis anonyme. J'ai pu réintégrer ma vie professionelle, je suis ingénieur de formation. Maintenant au sein de l'entreprise qui m'occupe, personne ne connait mon passé judiciaire. Avec des revenus confortables en tant que directeur technique et une famille extraordinaire je suis PLEINEMENT HEUREUX

Cher monsieur BOTTON, si je vous croise à nouveau dans le TGV ( je le prends 2 fois par semaine, Lundi matin à 7h30 et vendredi après midi) je ne manquerai pas de vous saluer.

Cordialement

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