Après moultes hésitations, mon choix est fait, je voterai non au référendum. Explications.

Il y avait plusieurs choses qui me gênaient, de prime abord, dans le vote pour le non. La première était que l'ensemble des principaux partis européens, de droite comme de gauche était pour. Notamment à gauche, il n'y a bien que le parti socialiste français qui ait hésité un poil. C'est en tout cas ce qu'on nous a dit. Et je l'ai cru.
Puis, le débat avançant, j'ai pu lire et entendre d'autres sons de cloche. Notamment, un article d'un belge, dont je vous cite un extrait :

Par conséquent, amis français qui lisez peut-être ceci, ne vous laisser pas déstabiliser par la propagande, ne vous laissez pas intimider. Et si l’on vient vous dire que vos voisins sont « atterés » de votre attitude, « scandalisés » devant la manière dont vous « jouez » avec notre sort à tous ou je ne sais quelles calembredaines du même tonneau, sachez que ce n’est pas vrai. Les Belges, au mieux, n’en savent rien, de ces histoires. Et probablement qu’ils voteraient comme vous si un débat avait eu lieu. Votez « non » ! Donnez une chance à cette Europe qu’on aime et que, en raison des circonstances historiques, vous êtes aujourd’hui les seuls à pouvoir sauver !

Je ne parle pas de l'Allemagne qui se félicitait d'avoir choisi la voie parlementaire, tellement plus facile...Depuis une certaine coupe du monde, on ne peut décidément pas leur faire confiance à ceux là.

Je me suis donc senti soudain investi d'une mission européenne anti-libérale et néanmoins pro-européenne : il fallait que je vote non.

Le deuxième truc qui me gênait aux entournures, c'était cette menace constante que ce "non" serait ferme et définitif et qu'il écarterait la France de la voie royale européenne. C'était maintenant ou jamais. Pour bénéficier des 30% de réduction, signez ici avant le 31 mai... Je me suis déjà fait avoir chez Conforama avec cette méthode.
Heureusement, Jacques Delors a commis la gaffe de nous expliquer qu'une renégociation était possible. Dans le genre bien informé, Jacques Delors, sur les questions européennes, on peut guère trouver mieux.
Ce qui est rigolo (sauf pour les instituts de sondages qui vont encore être obligés de lire les résultats dans le journal du lendemain), c'est que dans cette campagne électorale, tous les intervenants jouent à qui perd gagne. De Villiers, Chevènement, Le Pen, prônent le non, ce qui incite franchement à voter oui. D'un autre côté, Delors, Raffarin, Hollande, dès qu'ils ouvrent la bouche pour le oui, on a envie de voter de non.
Je ne parle même pas de Fabius qui essaie d'apprendre ce qu'est la gauche en fréquentant José Bové et en se présentant comme le défenseur de la veuve et l'orphelin que le PS n'est plus depuis longtemps...
Pas étonnant que les sondages virevoltent, plus on essaie de nous convaincre, plus on change d'avis. Ce qu'on est joueurs, nous, français, tout de même. On doit pas être facile à gouverner, hein, quand même, entre nous, hi hi hi...

Commentaires

1. Le vendredi, 20 mai 2005, 09:08 par Bob

J'ai ete assez impressionne hier par la diatribe de Chirac a Nancy (juste chez moi, c'est dire si on n'est plus en securite nulle part) contre le "plan B". Il a dit en substance qu'on serait bien naifs de croire que le processus serait arrete juste pour nous si on disait non. Meme si en l'occurrence il se pourrait bien qu'il ait raison, ca me chiffonne :

- il dit ca comme si la France etait la seule a risquer de rejeter le traite, or je crois comprendre que c'est loin d'etre le cas. A l'heure actuelle, moins de la moitie des membres ont ratifie le texte et j'entends dire que certains pays sont moins motives que l'on voudrait nous le faire croire. Autant j'imagine assez facilement que la grosse machine puisse passer outre un pays sur 25, autant si ils sont plusieurs ca me semble deja moins evident,

- si le processus est aussi ineluctable que nous le dit Chirac, pourquoi diable avoir pris la peine d'organiser un referendum, avec ce que ca coute en temps, en argent, en debats pas consacres a d'autres sujets, et avec les risques politiques que ca implique a tous les niveaux ?

- si on suit son raisonnement, ca veut dire qu'un texte de cette importance pourrait etre adopte sans avoir l'unanimite (alors que le texte lui-meme prevoit l'unanimite pour modifier la constitution par la suite...). Cherchez l'erreur (attention, c'est dur).

Deja rien qu'avec ca j'ai l'impression qu'on essaye de m'enfumer, mais c'est loin d'etre tout.

J'entendais lundi dernier Francois Hollande dire qu'il pense que la consitution permettra de mettre en place une politique europeenne de gauche. Je ne peux pas imaginer que la grande majorite des politiciens de droite ferait la promotion du oui avec autant de zele si ils pensaient la meme chose. Mieux : je suppose qu'a priori ils sont meme plutot convaincus du contraire. Ce qui implique qu'au moins un des camps - et peut-etre les deux - se met le doigt dans l'oeil jusqu'au coude ou bien nous raconte des craques en toute connaissance de cause.

Apres, je dois bien avoue que je suis exaspere par :

- les amalgames a deux balles (chez Sarkozy, le PC et le FN qui defendent le non, c'est l'alliance honteuse, le pacte de non-agression entre Staline et Hitler, alors que le PS et l'UMP qui defendent le oui, c'est surmonter ses differences pour regarder ensemble vers des lendemains qui chantent)

- les tenors du oui qui veulent faire passer les votants du non pour des buses (j'entendais a l'instant a la radio que sur www.lesamisduoui.com, on peut trouver des sketches du genre "bien sur que je vote non : je digere pas la paella")

- les argumentaires pour le oui qui omettent etrangement des bouts d'article ou des clauses planquees dans les coins (d'ailleurs tiens, je remarque que les affiches 4x3 et les spots radios avec des extraits selectionnes desdits articles n'ont pas fait long feu...)

- les arguments a fausse logique (exemple : "la constitution interdit la peine de mort, donc si vous votez non c'est que vous etes pour la peine de mort")

Au bout du compte, je ne peux pas m'empecher de penser qu'on ne me dit pas tout, un peu comme le vendeur a domicile qui veut vous pousser a signer sans avoir lu les petites lignes : les omissions sont trop flagrantes et repetees pour etre accidentelles, la mauvaise foi trop grossiere pour etre de la candeur.


Evidemment, le camp du non a aussi sa dose de mauvais joueurs et d'arguments non valables. Evidemment, tout n'est pas a jeter dans le texte (la partie II comporte plusieurs articles notables). Mais il reste quand meme beaucoup de choses que jusqu'ici aucun argument pour le oui n'est parvenu a contredire :

- sur le fond comme sur la forme, le texte dans sa globalite n'est pas une constitution. Trop long, trop illisible. La partie III n'a rien a faire dans une constitution. Allez relire la constitution francaise (www.legifrance.gouv.fr/ht... c'est assez comprehensible et il n'y est question nulle part d'economie. Plusieurs juristes ont d'ailleurs rappele que le role d'une constitution n'est clairement pas de definir une politique economique et que ca ne s'est jamais vu dans l'histoire contemporaine, a part peut-etre sous Staline. Je me suis meme laisse dire que le terme "traite constitutionnel" est intrinsequement aberrant.

- la non-revisabilite de facto (unanimite des membres requise pour amender la constitution) de la politique economique en question. Il n'est pas acceptable de faire du texte un fourre-tout et de nous dire "vous ne pouvez pas voter non puisque regardez on interdit la discrimination" pour nous fourguer la liberalisation


- la partie III est un condense des traites economiques actuels, qu'on a pu appliquer jusqu'ici : quel est le besoin de les rendre constitutionnels (donc inalienables) ? Qu'est-ce qui empeche de faire une constitution au vrai sens du terme (partie I + II, a peu de chose pres) et de continuer a faire l'economie avec des traites - qui, eux, sont revisables ?

- l'enorme flou laisse sur les services publics

- rien ou presque sur une defense europeenne, a part "on verra plus tard si on en veut une" (Article I-16) et "quoiqu'il en soit, l'OTAN restera prioritaire pour ceux qui en sont membres"
(Article I-41.7)


J'en oublie tres certainement, mais bon, vous voyez un peu l'idee et j'ai aussi un travail. Le fond de l'affaire, c'est que contrairement a ce qu'on veut nous faire avaler, on peut parfaitement etre pour l'Europe et contre ce texte, pour une consitution europeenne mais contre celle-la en particulier.

Et on ne m'otera pas de l'idee que la societe ne va pas s'effondrer du jour au lendemain si le texte est rejete. Il y a eu de nombreuses crises politiques depuis la fin de la seconde guerre mondiale, certaines assez graves, et on a toujours fini par trouver une solution quand meme...

2. Le vendredi, 20 mai 2005, 09:57 par Etheriel

Rigolo comme certains s'offusquent qu'on puisse faire des amalgames "Extreme gauche / FN" alors qu'ils etaient les premiers à hurler au retour du nazisme quand certaines regions passaient à droite avec l'aide de voix FN... Parce que si demain le "non" l'emporte, il l'emportera AVEC les voix FN. Sans le FN, le "non" ne passe pas.

3. Le vendredi, 20 mai 2005, 22:43 par Xavier

Etheriel, c'est pas parce que certain dise non pour de mauvaises raison que toute les raisons de dire non sont mauvaise...

D'une façon générale, je partage assez l'avis de Bob.
Une chose est sure: Ce texte est a ce point illisible que toutes les interprétations semble autorisée. Mis a part les contre-arguments,les arguments "pour" résulte d'une interprétaion optimiste, et une bonne part de "contre" résulte d'une interprétaion pessimiste. Ce seule point est, pour mas part, inacceptable de la part d'une véritable constitution, sans même parler des considération politico-économique qui se trouve dans ce texte...

Bref, Merome, le peuple Belge n'ayant pas droit à la parole, J'espère qu'une majorité de ceux (Français et autre) qui pouront s'exprimer diront non à ce texte

4. Le samedi, 21 mai 2005, 08:43 par Bob

Etheriel, ce n'est pas vraiment l'amalgame en tant que tel qui m'enerve - je dirais que c'est de bonne guerre, et ca se pratique effectivement d'un cote comme de l'autre.

Non, ce qui m'horripile reellement c'est la malhonnetete intellectuelle de la rhetorique utilisee - et ce, d'autant plus qu'elle est flagrante. C'est la demarche d'entretenir cette confusion en ce qui concerne le camp d'en face et en meme temps de nier qu'elle existe dans son propre camp ; c'est de pretendre qu'on ne peut pas rejeter la contitution au seul pretexte qu'elle contient des articles consensuels (exemple d'argument debile : "la partie II interdit la peine de mort, donc si vous etes contre la peine de mort vous ne pouvez pas voter non") ; c'est la paille et la poutre, l'hopital et la charite.

Je suis parfaitement dispose a entendre des arguments des deux camps a partir du moment ou ils ne relevent pas d'un strategie de discredit a deux balles. Entendre quelqu'un essayer de faire passer le camp d'en face pour des buses plutot que d'expliquer ce qui motive son avis a lui, ca ne m'apporte rien.

Bon, merci de ne pas me faire dire ce que je n'ai pas dit : il y a aussi une bonne dose de mauvaise foi et d'arguments foireux dans le camp du non, et soyez surs que je gueule copieusement devant ma radio quand je me les fais assener. C'est d'ailleurs une des raisons qui fait que j'ai de plus en plus de mal a savoir pour qui voter a chaque election : quel que soitle parti, a un moment il y en a toujours un pour avoir recours a ce genre de strategie...

5. Le samedi, 21 mai 2005, 11:24 par Merome
Si l'argumentation se résume souvent à détruire le camp adverse, c'est aussi parce que les journalistes sont friands de ça. Sous prétexte de tordre le coup la langue de bois, ils se complaisent à titiller les hommes politiques sur les divergences qu'ils ont au sein même du parti ou sur des querelles de personnes. Quand Jospin fustige le "non" de gauche, tout le monde comprend bien qu'il s'adresse en premier lieu à Fabius, mais j'imagine que c'est bien son avis d'un point de vue général. Les journalistes essaient alors les jours suivants de faire dire aux oui-ouistes du PS qu'ils rejettent Fabius, et demandent aux fabiusiens ce qu'ils pensent de cette intervention de Jospin. Intérêt dans le fond de la campagne européenne : AUCUN. Personnellement, je me bats l'oeil de savoir que Jospin et Fabius ne passeront pas leurs vacances ensemble. Comme je me fous des relations qui existent entre Raffarin et Sarkhozy. De la même manière, je me moque de savoir si un argument, une idée, est plutôt de gauche, ou plutôt de droite. Ce clivage ne correspond plus à rien aujourd'hui. Une idée doit être bien argumentée, ensuite on y adhère ou pas selon ses propres convictions.
6. Le samedi, 28 mai 2005, 15:43 par harapa

On a réellement l'impression que les défenseurs du "Non" sont des "has been" de la politique qui cherchent dans la voie de la dénégation à exister publiquement.

Besançenot ? Qui connaitrait ce cycliste matinal et l'écouterait encore si il n'avait pris la position qu'il a prise. Il s'était même allié avec sa "maman" Laguiller durant un moment tellement son aura semblait s'être évanouie.

Laguiller justement ? Une personne qui n'appelle pas à faire barrage à un extrémiste de droite ne peut espérer une quelconque crédibilité. Qui entendait encore parler d'elle avant sa prise de position ?

Le Pen ? Peut-on penser un seul instant que ce vieilliard puisse élaborer une pensée réfléchie et structurée. Vociférer, oui, mais réfléchir, non. Il semblait proche de la maison de retraite quand le réferendum a pointé à l'horizon.

Fabius ? Qui honnêtement pensait à lui il y a quelques mois ? Numéro deux du partie Socialiste il est vrai, mais avec quel pouvoir de décision ? Argumentation douteuse mais objectif clair : "Faire parler de lui à tout prix"

Buffet ? Des idées aussi vieilles que son partie et tombées en désuétude depuis bien longtemps. Seul un petit séjour dans la ferme du "Non" lui permet d'exister. Ces convictions personnelles ? On sait tous où cela a mené certains pays de l'ancien bloc de l'Est.

Mélanchon ? Personnellement j'avais vaguement entendu parlé de lui et connaissais tout juste le physique qui lui correspondait. Son argumentaire du "Non" est malsaine et dénote d'une personnalité douteuse. Tout simplement un manque certain de personnalité et de conviction.



C'est le manque de notoriéte qui explique pourquoi ces candidats de la ferme célébrités s'agitent devant vous. Ils ne sont en rien convaincus que le "Non" a de l'avenir mais pensent plus que jamais à leur avenir et pas au notre.

Le notre, nous les jeunes et les moins jeunes, c'est une constitution européenne qui nous protège contre les grands pôles économiques déjà présent et à venir. Etats-Unis, Chine, Inde se moquent de la France comme nous nous pouvons le faire avec Andorre. Mais l'Europe est un interlocuteur crédible face à leurs désidératas.

Ne soyez pas aigri, raciste, nationaliste, obscurantiste. Réfléchissez à votre avenir et surtout à celui de vos enfants. Le déclin de la France, en cas de victoire du "Non", aura un un effet dévastateur sur l'emploi pour votre descendance.

Ne soyez pas un spectateur passif comme peuvent l'être ceux plus ou moins lobotomisés qui regardent "La ferme célébrités" des hommes politique.

Réagissez et votez "Oui".

7. Le lundi, 30 mai 2005, 08:52 par Merome
harapa : il semble que les électeurs ne t'aient pas écouté et qu'ils aient jugé par eux-mêmes :)
8. Le lundi, 30 mai 2005, 23:32 par Ryo

Par eux même c'est vite dit!!!....Quelqu'un leur a dit qu'on votait pour la Constitution !?

9. Le mardi, 31 mai 2005, 08:19 par Merome
Règle n°1 : ne pas prendre les électeurs pour des cons.

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