Quel lien entre le film de dimanche soir et l'actualité ? Je vais vous le dire.

Dimanche soir, TF1, le sacro-saint "film du dimanche soir". Ciné-Dimanche, son générique tant de fois entendu, dont Guy Carlier disait, à juste titre, qu'il nous rappelait à tous l'angoisse du lundi matin, la fin du week-end, la fin des vacances éventuellement... C'est vrai qu'il nous rappelle à tous la reprise, surtout les soirs où l'on se rendait compte qu'on n'avait encore pas fini ce devoir de math à rendre pour le lendemain, et qu'on n'avait oublié de demander de l'aide au cousin fort en math avec qui on avait passé toute l'après midi à jouer à Porsche Challenge (avec l'indescriptible René Metdge) sur l'Atari ST.

Mais je m'égare. Hier soir, TF1 avait programmé "Ah, si j'étais riche", une comédie franchouillarde, comme on dit, qu'on regarde sans trop réfléchir, sans trop rire non plus. En effet, malgré une distribution intéressante (Daroussin, Morel, Berry...), il n'y avait pas bien de quoi rire. Télé Poche annonçait la couleur dans son résumé : "Sur une idée de départ assez originale, les scénaristes de «La vérité si je mens ! 1 et 2» signent une sympathique petite comédie aux relents franchouillards, qui s'essouffle un peu dans sa seconde partie. On l'aurait peut-être aussi voulue plus décapante."
Etant d'ordinaire assez peu d'accord avec les journalistes, quels qu'ils soient, je m'attendais à avoir un avis différent, comme d'habitude. Cette fois, c'est plus que ça : j'ai un avis diamétralement opposé : l'idée de départ est ultra réchauffée (un gars gagne au loto et le cache à sa femme !) et la seconde partie est deux fois mieux que la première qui est très mauvaise.

Bref, deux heures de plus à mettre sur le compte du temps perdu à essayer de profiter du temps qu'on n'a plus assez. Sauf...
Sauf une phrase que j'ai retenue, assez banale et simpliste, mais qui m'amène au lien avec l'actualité du jour. Je resitue vaguement le contexte pour que vous y compreniez quelque chose : le gars, un mauvais commercial dans les cosmétiques pour coiffeur, a donc gagné au super loto une somme conséquente qui dépasse l'entendement. Evidemment, peu habitué à ces sommes, il commence par tout claquer dans des conneries. Une montre de luxe, des vêtements, des restos, du vin ... Au bout d'un moment, il retourne à sa banque, persuadé qu'il n'a plus un rond, ou en tout cas qu'il a fait un gros trou dans le budget, de façon déraisonnable. On lui explique alors que "c'était prévu" et qu'on avait pris pour lui quelques "précautions" pour éviter ce genre de désagréments.

Le dialogue qui suit ressemblait à celui là (excusez-moi des erreurs) :
- Mais... Je suis encore plus riche qu'au début alors que j'ai dépensé sans compter !
- Oui, nous avons pris quelques précautions, les intérêts...
- Si je comprends bien, quand on est riche, ça s'arrête jamais.
- Quand on est pauvre non plus, si je puis me permettre (en pouffant de rire)

Ne cherchez pas une remarque intelligente là-dedans ou un second degré, c'est juste ce que j'ai retenu (c'est vous dire !).

A 13h00, sur France Inter, une news m'a fait revenir ce passage du film en tête. La nouvelle provenait des echos (le journal) :
les salaires annuels bruts des P-DG des 40 entreprises de l'indice phare de la Bourse de Paris ont globalement progressé de 9,8% en 2004 par rapport à 2003, la moyenne s'établissant à 2,2 millions d'euros.

Je ne sais pas si vous faites le lien comme moi entre ces deux faits apparemment complètement indépendants (je doute que TF1 ait fait exprès de diffuser ce film la veille de la publication du classement des echos). Je résumerai ceci par une phrase d'une banalité affligeante : la réalité dépasse la fiction.

Je vous invite à lire la news complète de reuters, qui nous apprend tristement que cette progression est moins forte qu'en 2003 (c'était quand déjà la "crise" ?), et que la plus forte progression est détenue par Jean-Philippe Thierry, P-DG des AGF, dont le salaire a progressé de 80,3%, atteignant 1,563 million d'euros en 2004. 80.3% d'augmentation ! Cet homme a vraiment dû bien travailler pour son entreprise pour mériter une récompense pareille. Un employé modèle, sans doute.

Avec un peu de chance, TF1 nous repassera Robin des Bois dimanche prochain...

Commentaires

1. Le mardi, 3 mai 2005, 08:24 par Marzi

Mouais... je rappelle que parmi les "gros" gagnants du loto, un gros %tage est complétement ruiné aujourd'hui, n'ayant pas su geré son argent : bref, je ne suis pas sur que le film présente le cas général. Enfin, je ne l'ai pas vu, ce film, j'ai regardé capital, et tu aurais bien du faire de même, ca t'aurait peut-être fait réviser ta position sur nos grands patrons.

2. Le mercredi, 4 mai 2005, 15:24 par Bob

Je veux bien croire que ca represente un vrai travail a plein temps (ou plus) de diriger un grand groupe.

J'ai simplement du mal a concevoir que ca justifie le genre de sommes astronomiques dont on en entend de plus en plus frequemment parler. J'ai beau avoir finalement admis qu'une fraction de la population vit dans un genre d'univers parallele, physiquement superpose au mien mais muni d'echelles de valeurs totalement differentes et incomprehensibles pour l'humain moyen, je reste effare de constater qu'il est possible de gagner - de maniere habituelle - l'equivalent de plusieurs siecles d'un salaire de base sans se poser de questions et en trouvant ca banal.

3. Le mercredi, 4 mai 2005, 16:17 par marzi

On peut se la poser, la question, oui. Et visiblement, il y a de l'abus : notamment qd la performance n'est pas la, mais la prime de licenciement ou presque, si.
Ceci dit, apres tout, le grand groupe appartient à qq (l'actionnaire principal... plus les autres), et eux, betement, décide de filer tout ce pognon aux patrons... bref, c'est eux qui dilapide leur fric, et leur image au passage. La question est "est-ce que le gouvernement doit mettre son nez la-dedans" ? C'est discutable. Et je ne sais pas quelle est la meilleure réponse à cette question.

4. Le mercredi, 4 mai 2005, 19:12 par Etheriel

La moyenne de salaires des patrons du CAC40 est d'en gros 2.2 millions d'euros par an ? Pour ma part, je trouverai scandaleux ces salaires quand on trouvera scandaleux qu'un Mario Yepes touche 3 millions d'euros par an pour taper qq heures par mois dans un ballon (sans aucune obligation de resultat d'ailleurs !)....

5. Le jeudi, 5 mai 2005, 08:57 par Bob

Mais Etheriel, je trouve ca scandaleux aussi :)

6. Le jeudi, 5 mai 2005, 15:01 par marzi

S'il n'y avait pas de subvention public, moi, je ne trouverais pas ca scandaleux : apres tout, si Canal+ et autre sponsort décide que Yepes les vaut, tant pis pour eux. Mais vu qu'il y a des subventions publiques la-dedans, ca mérite peut-etre interrogation, en effet...

7. Le vendredi, 6 mai 2005, 07:42 par Etheriel

Pour moi, la question n'est pas de savoir si c'est avec du fric public ou pas. Ma remarque etait qu'il est de bon ton aujourd'hui de s'émouvoir/blogger sur le salaire des patrons du CAC 40, alors qu'il est tout à fait admis qu'un guignol avec des pompes à crampons puissent toucher bcp plus. C'est juste le "decalage" que je soulignais...

8. Le vendredi, 6 mai 2005, 09:45 par Bob

Pour moi le decalage avec les "gens normaux" existe deja (et de maniere consequente) pour les stars du ballon. C'est juste que pour les patrons il est encore plus enorme.

Donc on peut parfaitement raler pour les deux :)

9. Le vendredi, 6 mai 2005, 14:53 par Merome
La grosse différence pour moi, c'est que les footeux ne nous parlent pas à longueur de journée de la crise, du problème des 35h qui asphyxient les entreprises, et ils ne proposent pas à leur supporter une place dans un stade de Roumanie.%%% Ca me scandalise que Zidane, malgré tout son talent, gagne autant, mais c'est moins ostentatoire que Ernest Antoine qui lui en plus nous explique qu'il faut faire des efforts.
10. Le vendredi, 6 mai 2005, 16:29 par Etheriel

Oui, je suis d'accord avec ta remarque Merome. Ceci dit, on voit bien que Yepes est payé PLUS CHER qu'un patron d'une boite d'un CAC40, pour MOINS d'heure de boulot par mois, et tout ceci sans être "pourvoyeur" d'emploi. Parce que n'importe quelle boite du CAC40 genere plus d'emploi qu'un Yepes...

11. Le vendredi, 6 mai 2005, 16:59 par Merome
Il fournit du loisirs, dans une société de consommation, ca vaut plus cher que de l'emploi. Ensuite, moins d'une heure de boulot par mois, c'est exagéré. Il y a l'entrainement, le risque de se peter un genou et leur carrière s'arrête à 35 ans. Ca reste un salaire exagéré, mais c'est faux de dire "une heure par mois".
12. Le samedi, 7 mai 2005, 00:31 par Etheriel

J'ai pas dis "une heure par mois", j'ai dit "moins d'heures par mois" (comparé à un patron du CAC). Ok, y'avait une faute, j'avais oublié le "s".

Et ensuite, le "je fournis du loisir, ca vaut plus cher que de l'emploi", c'est un peu se foutre de la gueule du monde... Si Raffarin offre à tous les chomeurs une entrée au parc Asterix pour les consoler d'etre sans emploi, tu seras le premier à etre scandalisé...

Quant à l'argument "leur carriere s'arrete à 35 ans", je te repondrai que celle d'un patron du CAC 40 debute rarement avant 45/50...

13. Le samedi, 7 mai 2005, 20:35 par Merome
Ne te méprends pas : je relativise juste tes propos qui me semblaient caricaturaux. Sur le fond, nous sommes d'accord : les footeux sont trop payés.
14. Le samedi, 7 mai 2005, 21:46 par Ajbol

Les footeux trop payés ? Mais à qui la faute ? A ceux qui les paient, c'est à dire les clubs, les sponsors et les droits de retransmission. Et qui paie les clubs, les sponsors et les droits ? Ben, les spectateurs, les consommateurs et les téléspectateurs. Ils ne sont pas payés, ils sont entretenus. Il ne s'agit que de marchandises sur un marché régi exclusivement par la loi de l'offre et de la demande (plus quelques subsides électoraux). Moi, je ne les paie pas. Libre à chacun de le faire.

15. Le mercredi, 11 mai 2005, 09:04 par marzi

Suite aux remarques de mérome et etheriel, ben en fait, la réponse d'ajbol correspond bien à mon avis.... sauf que moi,j'ai perdu 13 euros samedi soir pour voir Sochaux perdre 2-1 contre strasbourg :(

16. Le mercredi, 1 juin 2005, 10:37 par Mickaël Mithra

Les patrons trop payés ?
Est-ce votre argent qui les paye ? Non? Alors mêlez-vous de vos affaires et si êtes jaloux, vous n'avez qu'à créer une multinationale et en devenir le PDG. Puisque c'est si facile.

Vous comprendrez alors peut-être la différence entre un employé de base qui écxécute et un entrepreneur qui conçoit à grande échelle. Cette différence est à la mesure de la différence de rémunération.

Et si c'est votre argent qui paye les patrons, c'est que vous êtes actionnaires des firmes qui les employent. Dans ce cas, coalisez-vous avec d'autres actionnaires pour faire sauter la direction ou réduire la rémunération du patron. Mais ne venez pas vous étonner si celui-ci va se faire embaucher aux Etats-Unis et vous laisse aux prises avec un remplaçant tocard

17. Le mercredi, 1 juin 2005, 13:48 par Merome
Joli argumentaire. Les patrons (ou toi) trouvent que les rmistes sont trop payés ? Ils n'ont qu'à devenir rmistes et abandonner leurs richesses, puisque c'est si facile.
Comment mesure-t-on la différence de difficulté à être patron plutot qu'ouvrier ? Au nombre d'heures ? Aux capacités intellectuelles ? Quand un patron gagne plusieurs centaines de fois le salaire d'un smicard, ça veut dire que son métier est cent fois plus compliqué ?
Je ne suis pas en train de dire que tout le monde doit recevoir le même traitement, ni de remettre à plat l'échelle sociale, la plupart des barreaux me conviennent à peu près. Les quelques barreaux du dessus me semblent exagérement haut, déconnectés de l'échelle même. Et cela produit un dysfonctionnement évident : les barreaux du bas se demandent bien ce qu'ils foutent là, s'ils ne permettent pas d'accéder à cette autre échelle, pour continuer la métaphore.

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