De l'influence de l'informatique sur mon comportement au quotidien.

Il y a bien des années maintenant, j'avais un ordinateur de la marque Commodore qui s'appelait "Amiga". Les plus anciens d'entre nous autres informaticiens s'en souviennent sûrement : à l'époque, c'était la guerre. D'un côté les "PC". De l'autre, les autres, Amiga et Atari ST notamment. Je reviendrai un jour sur cette époque intéressante de l'Histoire de l'informatique, ce n'est pas l'objet de ce billet.
L'Amiga avait une particularité étonnante pour l'époque : il était multi-tâche. C'est à dire que son système d'exploitation (L'AmigaOs) permettait l'exécution simultanée de plusieurs programmes. Aujourd'hui, cela nous semble couler de source. A l'époque, même les plus puissants des PC, des 80386 à 32 Mhz sous Windows étaient incapables de réaliser cette prouesse. Me vantant de cet avantage auprès d'un vulgaire PC-iste, je me souviens encore de sa réponse : "Pourquoi avoir un ordinateur multi-tâche : je suis moi-même mono-tâche". Il n'avait pas complètement tort : le cerveau humain a bien du mal à faire plusieurs choses à la fois. Par exemple, lire et regarder la télé, écrire en parlant sont des choses difficilement réalisables.

Depuis, j'ai le soucis permanent d'être efficace dans chacune des tâches que j'effectue et j'essaie de m'approcher d'un comportement multi-tâche. Souvent c'est un tort. Par exemple, quand il m'arrive de cuisiner, je suis incapable d'attendre quelques minutes que l'eau bout (bouille ?) enfin. Je profite alors de ce laps de temps pour vaquer à d'autres occupations, y compris hors de la cuisine. Combien de casseroles ai-je fais cramer de cette façon ? Combien de plats ratés ?
Cela va plus loin, c'est presque maladif, j'élabore un véritable diagramme de Gantt ou de Pert à chaque projet ménager : "il me faut trente minutes pour avoir un barbecue opérationnel, la friteuse chauffe pendant 10 minutes, puis cuit en 10 minutes, j'ai le temps de lancer le barbecue, de lire 10 minutes devant, avant de m'occuper de la friteuse..." Ma vie est un enfer ! Bon, vous allez me dire que c'est de la simple organisation ménagère que pratique n'importe quelle femme moderne sans pour autant en faire un blog ennuyeux . Peut-être. La déformation due à mon métier m'en fait simplement prendre conscience comme une évidence et les dysfonctionnements me sautent alors aux yeux et me culpabilisent.
Dans le même genre, j'ai un soucis de rentabilité permanent, pas seulement financière, mais aussi pratique. Un soucis qui nuit au plaisir futile et instantané des choses simples. Ca rejoint d'ailleurs ce que je disais à propos des vacances tout récemment : à force d'essayer de maximiser le plaisir, on passe à côté de beaucoup de choses. Notamment, ce mode de pensée est totalement incompatible avec les enfants, avec lesquels il faut prendre du temps. Je dirais presque "gâcher" du temps. Un gosse ne semble pas se rendre compte du temps si précieux qu'on lui offre. A quoi bon l'emmener faire du vélo près d'un lac s'il s'évertue à trouver qu'il fait trop chaud ou que pédaler c'est trop dur ? Quel intérêt de gaspiller ses efforts alors qu'à la maison, avec ses simples jouets ou mieux, un dessin animé, il vous aurait montré immédiatement son bonheur ? Pourtant, l'expérience prouve l'importance de ces pertes de temps.

Je lutte donc contre cette tentation devenue naturelle de vouloir gérer mon temps comme un écossais gère son budget, mais c'est extrêmement difficile...

Commentaires

1. Le dimanche, 1 mai 2005, 09:32 par Bob

J'ai passe l'essentiel de mes vacances (qui s'achevent aujourd'hui, bouhouhou) a trouver que c'etait decidement bien agreable de pouvoir prendre son temps, de savourer la sensation physique de se deplacer tranquillement, sans avoir a faire attention a l'heure qu'il est. Un vrai bonheur.

Moralite, hier il me restait encore a faire beaucoup des choses que j'avais prevu de faire au debut des vacances en question :)

Il faut dire que l'informatique ne m'a pas beaucoup aide parce que j'ai passe pas mal de temps a jouer aux Aventuriers du Rail en ligne avec des copains, alors pour l'informatique et la rentabilite, on repassera.

2. Le lundi, 2 mai 2005, 16:18 par Marzi

J'ai la même maladie, je crois... aussi bien dans la "vie de tous les jours", ménagère ou non, que dans mon métier... d'informatique : la moindre fenêtre qui me fait patienter qq secondes, et hop, je passe à l'autre fenêtre. Et j'arrive à la même conclusion que toi: finalement, je ne crois pas que je gagne du temps..

3. Le jeudi, 5 mai 2005, 10:09 par Sylvain

Moi aussi j'ai eu un Amiga, moi aussi je fais tout à la fois, moi aussi je crame des casseroles, alors s'il te plait, arrête de publier des billets que tu n'as pas le temps d'écrire et que je n'ai pas le temps de lire ;-)

4. Le samedi, 7 mai 2005, 21:53 par Ajbol

Ne confondons pas "Maximiser son plaisir" et "maximiser son utilité". Le plaisir (à ne pas confondre avec le bonheur) n'est qu'une partie de l'utilité (dans son acception économique). Personellement, je cherche plutôt à maximiser mon bonheur. A ce propos, je ne peux que vous conseiller le livre de Matthieu Ricard (que je n'ai toujours pas terminé) : "Plaidoyer pour le bonheur".

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