Chirac, il est comme le 'H' de Hawaii...

...Inutile

Un peu de mauvaise foi ne fait de mal à personne, je n'ai pas vu l'intégralité de l'émission d'hier, mais je vais me permettre de la commenter. Je ne suis plus à ça près, avec mes opinions à l'emporte-pièce...
Je n'ai vu que la partie avec Chain, l'ours transpirant de M6 avec les yeux de cocker mi-clos. Dois-je ajouter que je ne l'ai pas trouvé bon ? Vous l'aviez déjà compris...
Donc le principe de l'émission était de permettre à moins d'une centaine de jeunes de poser des questions sur la Constitution européenne à Monsieur le Président, lui-même. Principe louable, et j'étais de ceux (rares ?) qui pensaient que mettre des gars comme Fogiel ou Delarue pour réguler le débat était une bonne idée également. A force de voir toujours les mêmes interviewer les politiques, sachant qu'ils ont fait les mêmes écoles, pardon LA même école, l'ENA, on finit par se demander l'intérêt réel de ces interviews.
Bien sûr, tout le monde a craint les questions truquées, les jeunes triés sur le volet pour être consensuels et gentils, et une émission ou la mièvrerie le dispute au bon sentiment. Je pense que tout le monde peut être rassuré : ce n'était pas truqué ! Et on le regrette presque ! Les jeunes posaient de vraies questions à eux, sans aucun rapport avec le sujet, et sans écouter plus que ça la réponse de JC, puisqu'ils reposaient la même question quelques minutes plus tard.
De son côté, Chirac prenait des notes et concevait de vraies réponses en direct, bien construites et sans blanc, comme son métier l'exige. Je lui reconnais volontiers ce talent, que j'admire pour ne pas l'avoir moi-même. Niveau argument, par contre, c'était assez proche de zéro. A sa décharge, il était venu pour répondre à des questions sur la Constitution. Aussi, quand un chevelu du public lui a posé la question hautement pertinente de la place du tri des déchets dans la Constitution Européenne, il a été un peu décontenancé et pour tout dire pas très convaincant.

D'un côté, la France est puissante, n'a pas grand chose à craindre ("n'ayez pas peur", repris par tous les journaux d'aujourd'hui), et doit affirmer son caractère et ses choix.
De l'autre, "l'union fait la force", la France n'a pas d'autres choix que de s'allier avec ses voisins si elle ne veut pas être laissée au bord de la route. L'Europe doit parler d'une seule voix, et cette Constitution l'aidera à atteindre ce but.

Le paradoxe n'a pas échappé à la plupart des jeunes présents (à part peut-être le chevelu de tout à l'heure qui de toute évidence s'était trompé de plateau) : comment l'Europe et la France pourront à l'avenir se sortir d'une situation comme celle de la seconde guerre irakienne, où la France était contre, mais la plupart des pays européens pour ? A quoi sert l'Union si l'on n'est pas Uni ? Est-ce qu'elle ne dessert pas, finalement ?
Idem pour l'économie : la France doit en tirer des bénéfices, mais sa position de leader avec l'Allemagne la contraint à donner plus qu'à recevoir.

Bref, Chirac n'a pas convaincu, mais au-delà de sa prestation d'hier soir, n'est-ce pas simplement l'Europe qu'on nous propose qui n'est pas convaincante ? Si l'on comprend bien les principes que l'on a appris à l'école "Libre circulation des biens et des personnes", et leur intérêt immédiat pour tout le monde, une politique commune malgré les valeurs foncièrement différentes semble bien difficile à mettre au point. Qui le souhaite, finalement ? Est-ce souhaitable ?

Vraiment, Chirac (ou l'émission) n'a pas convaincu, bien au contraire...

Commentaires

1. Le samedi, 16 avril 2005, 07:26 par Bob

Je vais etre honnete moi aussi : l'emission je ne l'ai pas vue, mon cours d'aikido m'interessait plus. Cependant, j'ai entendu une paire de morceaux choisis le lendemain matin a la radio, et il y en a un que je n'ai absolument pas compris. Est-ce parce que c'etait sorti de son contexte ou que j'etais mal reveille, j'espere que quelqu'un pourra m'eclairer.

Bref, il a dit en substance que si on votait non (*) on ne pourrait plus rien negocier. Qu'est-ce que ca peut bien vouloir dire ? Que si la premiere copie est recalee personne n'aura le droit d'en presenter une deuxieme et que l'Europe cessera a tout jamais d'evoluer ? J'ai du mal a y croire. Que la France perdra de l'influence ? C'est tres probable en effet mais je ne crois pas qu'il parlait de ca ? Alors quoi ? Merci a celles et ceux qui pourront eclairer ma lanterne...

(*) Je note qu'une fois de plus, on ne me sert pas un argument pour le "oui" mais un argument contre le "non". Si ce projet de constitution est aussi bon qu'on veut nous le faire croire, ca devrait pourtant bien etre possible de trouver des arguments pour, ou alors c'est que ca cache quelque chose ? En tout cas moi ca me laisse de plus en plus l'impression qu'on essaye de me rouler dans la farine...

2. Le lundi, 18 avril 2005, 09:03 par Steh

Un truc que je n'ai pas compris non plus.
Si on vote oui et que le pays d'acote vote non, la constitution est acceptee tout de meme pour l'Europe ? Faut il la majorite ou l'unanimite des pays de l'europe ?

Et puis effectivement, si on vote non a celle ci, il y en aura bien une autre, non [jeu de mot egalement non->non (cf blog precedent) ;)] ?

3. Le lundi, 18 avril 2005, 09:08 par marzi

Pour répondre un poil à la question que tu te poses, Bob, c'est sans doute lié au fait que la france était le principal moteur pour l'élaboration de cette constitution : bref, apres avoir tirer tout le monde dans ce projet, etre le seul à le refuser, on passe un poil pour des cons. Ca ne veut pas dire qu'il faut voter 'oui' (je ne sais toujours pas quoi voter!), mais ca explique l'argument de la perte d'influence francaise : Duhamel, qui m'accompagne le matin dans mon trajet dodo-boulot, l'explique tres bien.

Moi, au lieu de critiquer la prestation de chirac, j'ai envie de critiquer celle des jeunes en face : on peut être d'idée différente à celle de chirac, il n'empeche que c'est le président de la république. En clair, on peut eviter de lui couper la parole, chose que lui, d'ailleurs, ne fait pas face à de simples lycéens. C'est un peu l'image de la "jeunesse d'aujourd'hui", qui ne respecte plus grande chose.. enfin, pas tous, bien heureusement, mais disons que la moyenne dérive mal.

Oui, je sais, je suis un vieux con.

4. Le lundi, 18 avril 2005, 13:59 par Bob

Pour commencer, si vous avez loupe tout ou partie de l'emission, on en trouve apparemment une transcription ici : www.elysee.fr/elysee/fran...
(de la vraie URL qui tache), que j'irai sans doute lire d'ici la date du vote.

Marzi je suis d'accord avec toi, en cas de victoire du "non" il me semble clair (et logique) que la France perde de l'influence (et je suis aussi d'accord pour dire que ce n'est pas une raison suffisante pour voter "oui"). Mais en fait avec l'URL ci-dessus j'ai pu retrouver le texte complet (cherchez "negocier") et j'ai compris ce qui suit, arretez-moi si vous avez compris autre chose.

Apparemment, l'argument est que si le "non" l'emporte, on se met hors du traite (?) et qu'on ne pourra pas y revenir apres, definitivement hors du coup ; alors que si on vote "oui" il serait theoriquement possible de renegocier plus tard des aspects du traite qui ne nous plairaient pas. Personnellement, voter "oui" uniquement sur cette base, en se disant "il y a des trucs inadmissibles mais si on peut les negocier apres c'est OK" me semble risque, l'experience montrant generalement qu'il est assez difficile de revenir sur ce genre de choix, un peu comme un grizzly burger...

Sinon, pour repondre a Steh : le petit pourcentage de mon cerveau qui rumine des theories conspirationnistes me pousse a dire que le referendum etait surtout prevu pour se donner une facade, genre "vous voyez qu'on vous demande votre avis", et qu'ils n'avaient pas du tout prevu qu'on soit tente de repondre non. Tout ca pour dire qu'a mon avis, si quelqu'un (nous ou les voisins) votent "non" au traite, je ne me fais pas d'illusions ca sera adopte quand meme. La machine est trop grosse et a trop d'inertie maintenant pour qu'on puisse l'arreter comme ca.

Apres, il peut effectivement y avoir des ajustements locaux : il faudrait aller revoir ca dans le detail, mais dans son intervention Chirac mentionne justement deux cas de pays qui se sont mis en dehors de traites europeens suite a des referendums negatifs...

Au pire, on verra bien le 30 mai ;)

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