Le premier pas

Retournons dans les considérations écologiques qui ne cessent de m'animer ces derniers temps. Sur une liste de discussion que je fréquente, véritable laboratoire des nouvelles idées politiques, économiques et culturelles, nous avons eu récemment un débat intéressant sur la responsabilité et la déontologie en matière d'écologie. Bon, d'accord, il n'y a que quatre membres à cette liste et l'un d'eux ne s'est pas exprimé sur le sujet. D'accord aussi pour dire que bien souvent cela se résume à de la philosophie de comptoir et des considérations personnelles qui n'ont pas grand chose à voir avec la véritable politique et qui se terminent par "Je t'ai KC !", mais qu'importe !
Il était question de l'opportunité de faire des efforts pour la sauvegarde de la planète quand une grande majorité d'entre nous s'en contre-fout, et particulièrement ceux qui polluent le plus (qui a dit "Les américains" ?).
C'est vrai que les 6m2 de capteurs solaires que j'envisage d'installer ne vont pas régler à eux seuls les problèmes de la couche d'ozone, du CO2, de l'effet de serre, de la pénurie d'eau potable... C'est vrai. A cela, on oppose habituellement l'argument simple : si tout le monde le fait, cela aura un vrai impact. Et "tout le monde" commence par "moi". Un argument qui vaut ce qu'il vaut. Il est vrai, mais utopiste. On le sait bien, on ne sensibilise les gens qu'en leur donnant une carotte ou en les menaçant. Sachant que la carotte est bien souvent une menace elle-même, quand on vous la met où je pense...

Je me suis aperçu qu'il y avait une autre réponse, plus pertinente peut-être, à objecter à ces hyper-réalistes qui ne sont guidés que par ce qui marche pour de vrai, au lieu d'être parfaitement utopiste comme je le suis souvent, et comme il est par conséquent indispensable d'être pour s'approcher de ma capacité d'analyse (Personne n'a rien compris ? Tant mieux, ça me conforte dans l'idée que je suis bien plus intelligent que vous, na !).

Donc voilà ma théorie : l'homme politique au pouvoir, peu importe sa couleur, n'est pas en mesure de prendre des décisions qui ne sont pas en phase avec la société. Le grand dam de l'homme politique, à vrai dire, c'est qu'il cherche à se faire réélire. Pour le plus altruiste, il cherche au moins à faire élire quelqu'un de son parti, si ce n'est directement lui. Une mesure impopulaire, ou une mesure à contre courant, même si elle est de bon sens et bien appropriée à une situation donnée, ne peut pas être prise. Par exemple, aucun gouvernement ne peut aujourd'hui dire : "Les paysans sont les principaux pollueurs de la planète, ils vont donc être les premiers payeurs". Pourtant c'est manifestement vrai. et cela mériterait qu'on y réfléchisse pour de vrai. Mais aujourd'hui, dans l'inconscient collectif, le paysan est plutôt un bon bougre proche de la nature et respectueux d'elle. Ce qui n'est d'ailleurs pas faux non plus. Bref, dans le même registre, on ne peut pas dire aux 60 millions de français : "le fuel pollue, vous avez un an pour trouver un autre mode de chauffage".
Il faut que l'idée fasse son chemin, il faut de la pédagogie, et là ce n'est plus, en tout cas plus seulement, le rôle de l'homme politique. C'est le rôle des médias, rôle qu'ils tiennent plus ou moins bien. Mais c'est aussi notre rôle à tous. Le mien en particulier. Avec mon blog qui touche des millions de lecteurs, enfin potentiellement seulement, je sensibilise des franges entières de la population à l'écologie. Quand j'aurai fait installer mon chauffe-eau solaire, je n'aurai pas seulement gagné quelques litres de fuel et des émissions de CO2, j'aurai aussi et surtout :
1. Apporté mon soutien à l'industrie de l'écologie, en rentabilisant les recherches des constructeurs de ces matériels.
2. Rendu jaloux mon voisin qui va commander son fuel avant moi alors qu'il a la même cuve et une maison équivalente
3. Fais prendre conscience à mes amis, ma famille, aux lecteurs de ce blog (comment ça, ce sont les mêmes ?) que le geste n'est pas réservé à une élite écolo aux cheveux longs et qui vit dans une communauté du Larzac. Même qu'il peut nous apporter, si ce n'est un gain financier direct, une bonne conscience qui ne s'achète pas par ailleurs.

Ma conclusion est la suivante : c'est bien à nous de faire le premier pas. La prise de conscience conduira à la prise de responsabilités des politiques. Alors, vous l'installez quand, ce CESI ?