Episode 2 : La règle

Fouillons dans notre vieux cartable d'école. Qu'est-ce qui se cache, là, tout au fond ? Votre règle. Brisée en mille morceaux parce que vous avez encore une fois jeté votre sac en rentrant de l'école pour pas louper le début de Goldorak. Le poids des livres et des cahiers avec la brutalité du geste ont fait céder le morceau de plastique. Si seulement, comme votre copain, vous aviez eu cette règle en métal...

Et oui, comme pour les gommes, il y avait différentes sortes de règle. Voyons... De mémoire...

La règle en métal
De section carrée, la règle métallique était solide comme le roc. Bizarrement, le double décimètre en métal ne faisait que 17 ou 19cm, ce qui était bien embêtant pour tracer un trait sur toute la largeur du cahier ou de la feuille. On reconnaissait d'ailleurs les copies des possesseurs de règles en métal à cet espèce de ligne brisée qui traversait la feuille. La brisure étant évidemment pile au 17ème ou 19ème centimètre. L'avantage, c'est que ça rentrait dans la trousse. Ca rentrait même dans la paire de ciseaux, à la place de vos doigts. Du coup, quand vous sortiez votre paire de ciseaux, la règle valsait par terre en faisant un bruit de réveil-matin mal réglé. Du réveil matin, elle n'avait pas que le bruit, elle en avait aussi la fonction : le cancre du fond était réveillé à chaque fois, et le premier de la classe ne pouvait s'empêcher de lever les yeux de sa copie pour voir qui était le fauteur de trouble. Quant à l'enseignant, il était fortement agacé, lui aussi. Il s'était vite rendu compte que ce genre de règle n'était pas à confier à une certaine catégorie de ses élèves, sous peine d'avoir un concert ininterrompu de réveils-matin pendant son cours. La règle était incassable, mais on essayait de la casser quand même, pour voir.
Les graduations étaient parfaitement invisibles. On n'a jamais trop su si la règle commençait à compter à 0mm ou 1mm, ce qui nuisait quelque peu à la précision des exercices de géométrie.

La règle en bois
Règle de section trapézoïdale, avec en son centre, une petite vis de métal jaune. Que peut bien faire un écolier avec une vis ? Il la dévisse bien sûr. Première chose à faire pour avoir la maîtrise totale du matériel : dévissez cette foutue vis, pour mieux la revisser ensuite. Et tester tous les cinq minutes, si on a bien convenablement revissé le bitoniau. Sait-on jamais, on pourrait la perdre sinon, cette vis. Ah ben tiens, justement, je l'ai perdu !
Quand toutes les manipulations avec la vis ont été expérimentées, on retourne la règle et on obtient... UNE TOUPIE ! Fabuleux pour les longs cours de sciences naturelles, voire de sciences physiques. La vis sert d'axe, on dirait que ça a été fait pour ça. La règle en bois est très solide aussi. Mais contrairement à la règle en métal, elle boit l'encre du stylo plume et garde les traces de crayon. Et ça se voit. Au contraire des graduations, sous l'encre et le crayon...

La règle en plastique
Règle de section rectangulaire, ou presque, avec un trou d'un côté, allez savoir pour quoi. Comme si quelqu'un s'était saisi d'une perforeuse pour faire un trou dans ce morceau de plastique. Un bête trou inutile. Enfin, inutile... Pour l'écolier, rien n'est inutile. Le trou servait donc à deux choses :

  • à faire office de pochoir. Mettez la règle sur du papier, le stylo dans le trou de la règle et tournez. Vous obtenez un rond. L'école est vraiment une source de joie ineffable
  • à tenir la règle entre le pouce et le majeur, en balançant d'avant en arrière. Vous obtenez une sorte de yoyo rigide, qui frappe tantôt votre paume, tantôt le dessus de la main,... tantôt le mur d'en face quand le pouce et le majeur ne se touchent plus pour une raison indépendante de votre volonté.

La règle en plastique est fragile, mais pratique. Les graduations sont parfaitement visible. Noires, gravées. Certaines poussaient même la précision jusqu'au demi-millimètre. Indispensable pour expliquer Thalès en crânant à votre voisine (les filles n'ont jamais rien compris à la géométrie). Le top du top, c'était les graduations en chiffres digitaux, comme sur les calculatrices. Impossible de se tromper d'un centimètre avec ces graduations presque... informatiques !
Associée à la gomme décrite précédemment, même la sans marque, la règle devient tour à tour :

  • Balance de Roberval : combien faut-il de crayons de papier pour un critèrium ?
  • Catapulte : toi mon gars, tu vas l'avoir ta boulette de papier.

Et ce n'est pas tout ! La règle en plastique est aussi musicienne. Instrument proche de la guimbarde, la règle se joue avec une table : placez la règle à plat sur la table, une moitié dépassant dans le vide. Avec une main, tenez la règle, avec l'autre, imprimer un mouvement vibratoire au bout de la règle (celui qui est dans le vide). Faites glisser la règle vers l'intérieur de la table, vous obtenez un effet sonore très "cartoon", du genre d'un ressort qui se détend.
Autre bizarrerie de la règle en plastique, d'un côté, les graduations, mais de l'autre, une sorte de moulure qui semble inutile. Rien n'est inutile, disais-je plus haut : la moulure donne à la règle en plastique une autre sonorité intéressante. Placez la règle à plat sur la table, appuyez sur la moulure avec votre doigt, la règle se dresse d'un coup, avec une petite vibration plus précise et plus nette que celle décrite ci-dessus. Cette méthode était utilisée pour les solos...
Bon, je vais vous donner un scoop. La moulure, elle servait à quelque chose... Comme moi, vous avez souligné tous vos titres avec le côté gradué. Eh ben, il fallait pas. La moulure était faite juste pour ça. L'intérêt ? La moulure guidait le stylo-plume sans toucher la feuille. Résultat, quand on retirait la règle, point de bavure due à l'encre qui se colle sous le côté gradué. Ça vous la coupe, hein ?
La règle en plastique se décline en d'infinies variantes que je ne détaillerai pas ici (mais je vous invite à le faire dans les commentaires), je me rappelle d'une règle en plastique teintée bleue qui m'amusait beaucoup. Avec beaucoup d'imagination, ça pouvait servir de lunettes de soleil, par exemple.

L'équerre
Je sais, l'équerre n'est pas vraiment une règle, mais bon, vous me pardonnerez cet amalgame... L'équerre arrive plus tard dans la scolarité, ce qui lui donne une importance particulière. Il y a UN morceau important de l'équerre, c'est l'angle droit. Le reste de l'équerre n'a finalement que peu d'importance. Eh ben, me croirez-vous ? C'était toujours l'angle droit qui cassait en premier. Dingue ça. Jetée au fond du sac avec le reste du matériel de géométrie, l'équerre équilatérale isocèle comme l'équerre quelconque (y en avait toujours deux dans les "packs géométrie", me demandez pas pourquoi) se pétaient l'angle droit. Evidemment les deux autres angles ont une importance moindre (surtout pour l'équerre quelconque).

Le rapporteur
Là on passe dans le domaine pro. Savoir se servir d'un rapporteur, c'est comme passer le permis : on n'y arrive qu'une fois dans sa vie et on espère bien ne plus jamais avoir à le refaire. Le rapporteur a un petit trou au milieu. Comme pour la règle, ce petit trou est obsédant et on y colle volontiers une pointe de quelque chose dedans. Nombre de mines de critérium y ont laissé leur charbon. Le rapporteur sert également de pochoir, avec sa forme "arc en ciel" tout à fait adapté à l'art graphique dont l'écolier est friand (et capable). Le rapporteur mesure les angles, c'est assez magique comme fonctionnement. Petit truc facile pour tester votre rapporteur : mesurer l'angle droit de votre équerre. Pas con : vous pouvez valider deux de vos instruments en un coup ! Si vous tombez sur 238°, il y a un problème quelque part, changez les piles.

Je termine ainsi ce tour d'horizon des règles qui nous ont mis dans le droit chemin tout au long de notre vie scolaire (notez le jeu de mots). J'espère que vous mesurez bien l'impact qu'elles ont eues sur votre réussite (échec ?) scolaire.

Commentaires

1. Le vendredi, 28 janvier 2005, 22:34 par Toff

Hum.. J'avais jamais su a quoi servait la moulure a l'arrière de la règle...maintenant je sais.. faudrait penser aux colles et ciseaux et aussi aux crayons a papier pour la suite de la série..

2. Le dimanche, 30 janvier 2005, 12:29 par 100

C'est agréable de se plonger dans ces souvenirs,

Merci

3. Le lundi, 31 janvier 2005, 12:40 par ansofie

Bon, un commentaire de fille, quand même !
La règle sert aussi durant les longues heures perdues que constituent les heures de cours, à graver (version plastique) ou écrire (version bois) le nom des amoureux (toi + moi = éternel) et des amies pour la vie, ou des citations de Rimbaud...

4. Le mardi, 1 février 2005, 08:16 par Bob

Dans les petits plus de la regle en plastique : dans un numero d'Astrapi il etait indique qu'en deposant sur ladite regle une
grosse goutte de colle transparente et en la laissant secher, on
obtenait une petite loupe.

Et meme que c'est vrai. Sauf que forcement, comme on va toucher du doigt la goutte de colle juste pour voir si elle est seche, ca fait des fils dans les doigts, on en met partout sur la regle et bien evidemment a la fin de tout ca la loupe promise tient plus de la grosse traces de colle degueulasse. Colle qui, avec un peu de malchance, aura meme la mechancete d'attaquer le plastique.

5. Le jeudi, 17 février 2005, 12:05 par benjamin

Tu as oublier un des usage les plus importants des lattes et autre regles Celle de refleter le soleil dans le visage de s'est copain( parfois des prof mais s'est plus risquer)

6. Le lundi, 2 mai 2005, 16:15 par iTom

Il semblerait qu'il n'y aie pas que les filles qui soient nulles en géométrie! En effet une équerre (donc avec un angle droit!) ne peut être équilatérale. Je m'explique: dans un triangle rectangle (l'équerre) le carré de l'hypoténuse est égale à la somme des carrés des deux autres cotés. Or dans un triangle équilatéral tous les cotés ont la même longueur (L par exemple). Ceci revient à dire que L²=L²+L² ou L²=2L²... Ceci n'est pas possible en géométrie (Euclidienne).
Enfin je mettrai cette petite erreur sur le compte de l'émotion...tous ces merveilleux petits souvenirs qui resurgissent

7. Le lundi, 2 mai 2005, 16:36 par Merome
Bien vu iTom, il fallait lire "Isocèle", bien sûr... Je corrige le billet...
8. Le mardi, 29 novembre 2005, 18:04 par Bouchon

Une autre utilisation de la règle en plaqtique: Une élice express! Il suffisait de ficher le petit trou de la règle dans un stylo bille et de tenir ce dernier: en le faisant tourner plus ou moins vite on était rapidement maître d'un petit hélicoptère, au risque, bien sur que l'élice se décroche de son support et s'envolle jusqu'au bureau voisin, si la vitesse de rotation était trop grande...

Côté règle en bois, un autre problème, c'est qu'elle gondolait un peu avec le temps, donc bonjour les soulignages ondulés et autres droites-courbes en géométrie!

9. Le mercredi, 28 décembre 2005, 13:08 par nanette

Bien vu iTom! Mais il ne faut pas oublier que pour ton résonnement il aurait été beaucoup plus logique de te servir des angles, puisqu'on parle d'équerres...
Je m'explique:
On sait que:
-la somme des angles d'un triangle est égale à 180°
-les mesures des angles d'un triangle équilatéral sont toutes égales à 60°
-un des angles d'une équerre a obligatoirement pour mesure 90°.
Donc une équerre ne peut pas être un triangle équilatéral pour la bonne et simple raison qui est la suivante: si un des angles a une mesure égale à 90°, alors les angles ne sont pas TOUS égaux à 60°.
Ce qui revient donc à dire qu'il est possible (mais pas obligatoire!) que cette équerre soit un triangle isocèle:90°+45°+45°=180°. Cela reste toujours une probabilité et il ne faut donc pas associer une équerre à un triangle isocèle( ou pire, équilatéral), mais à un triangle rectangle.
Enfin...l'erreur est humaine et il s'agit souvent d'une étourderie, et il suffit de veiller à ce qu'elle ne se reproduise plus!

10. Le mercredi, 28 décembre 2005, 13:11 par nanette

Ah! Au fait je suis une fille et comme vous voyez je ne suis pas si nulle que ça en géométrie...enfin, pas autant que l'auteur de l'article.
Merci beaucoup quand même parce que cet article m'a un peu aidée pour un exposé que j'avais à faire!

11. Le dimanche, 5 février 2006, 18:50 par nadia

wa rafacom diro les methode de trasage de tt les polygones!!!!!!!!!!!! wa chokran

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