Je remets en jeu mon titre de la métaphore la plus tirée par les cheveux.

Je sors de la douche après avoir observé longuement ma savonnette (je l'ai aussi utilisée, je vous vois venir). Un savon, on ne voit pas que ça s'use. Avant et après la douche, on dirait qu'il n'a pas perdu un millimètre d'épaisseur. Et combien de temps dure un savon ? Vous le savez, vous ? On met un nouveau savon quand le précédent est devenu tellement minuscule et mou qu'on ne peut plus décemment se oindre avec. On ne fait pas trop attention à sa durée de vie.

Et bien le pétrole, c'est pareil (ah, je vous avais prévenu que la métaphore envoyait du lourd !). On ne s'en rend pas compte, mais on arrive au bout. On s'en rend d'autant moins compte que le prix du baril a plutôt tendance à baisser alors que comme chacun croit le savoir : ce qui est rare est cher. C'est l'une des innombrables lois économiques qu'on gobe sans jamais les remettre en cause alors que tout n'est pas si simple.

Il se pourrait en effet qu'un tout autre scénario se produise, inattendu, contre-intuitif, et expliqué par Matthieu Auzanneau sur son blog Oil Man :

Au lieu de se traduire par des prix toujours plus élevés des matières premières, les limites de la croissance pourraient au contraire se manifester par des prix des matières trop bas : par une demande trop peu solvable pour permettre de financer l’extraction des ressources matérielles supplémentaires nécessaires à l’entretien des feux de la croissance.

Grave implication de cette hypothèse : une spirale déflationniste pourrait s’amorcer, capable de précipiter bien plus vite que prévu le déclin de la production mondiale de pétrole et d’énergie en général, un déclin qui entraînerait l’effondrement de l’économie de croissance.

Les banques centrales mondiales éteignent depuis 2008 le feu de la crise financière en aspergeant le marché de carburant. En injectant à coup d'assouplissement quantitatif (Quantitative Easing) des liquidités dans le circuit, elles masquent l'aggravation des "fondamentaux", c'est à dire les conditions de vie réelles des vrais gens dans la vraie vie.
Ajoutez à cela le truquage des chiffres (du chômage, de la croissance, de l'inflation ...) par les gouvernements pour faire croire que tout va bien, et vous avez une machine folle que plus personne ne sait contrôler. Le brouillard total et plus aucun instrument qui fonctionne.

Vous trouviez que ça allait déjà mal mais que le pétrole bas allait minimiser les dégâts, l'alignement des planètes, tout ça... Détrompez-vous : c'est pire que prévu !

Commentaires

1. Le lundi, 5 octobre 2015, 15:33 par Calcoran

Là c'est sûr, c'est plutôt capillotracté.
Hum ... j'espère que tu ne comptes pas filer la métaphore ... :o .

Plus sérieusement, j'aime beaucoup l'article d'oil man, mais à part à transmettre l'URL, j'ai beaucoup de mal à l'expliquer à mes connaissances. Faute de tout bien comprendre je suppose.

Force est de constater que l'enchainement n'est pas intuitif:
Extraction toujours plus chère -> utilisation d'artifices financiers -> (?) inflation -> ...?... -> difficultés économiques des entreprises minières -> faiblesse des investissements -> baisse de la production ... MAIS .... inflation + prix énergie et mat prem -> crise -> baisse demande -> (?) baisse prix énergie ???

2. Le vendredi, 9 octobre 2015, 17:09 par Merome

@Calcoran : je le comprends comme ça : on injecte des milliards d'euros dans le circuit pour soutenir l'économie, mais ces milliards sont aussitôt phagocytés par le rachat des dettes et par les produits financiers, pas un centime ne va dans l'économie réelle, et donc dans le pétrole.
Sur le papier, tout ne s'écroule pas, on truque les chiffres du chomage, le PIB, mais dans la vraie vie, plus personne ne peut acheter une goutte supplémentaire de pétrole, parce que le pétrole ne se mange pas.

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