Anticipation.

En 2011, les employés de BNP Paribas et Ubisoft de Montreuil se déclaraient soudain une guerre pacifiste en collant à leurs fenêtres des notes repositionnables représentant des personnages de jeux vidéos. La première "post-it war" de l'histoire de l'Humanité venait de démarrer et l'on ignorait alors quelles en seraient les conséquences.



Derrière le jeu potache et inoffensif auquel s'adonnaient principalement des informaticiens, une pratique nouvelle et bien moins innocente allait germer dans d'autres cerveaux. Dès 2012, en effet, des activistes anti-publicité détournèrent la post-it war en une guerre contre la publicité dans le métro.
Gardant le principe non-violent de la guerre des notes repositionnables, mais cherchant cette fois à délivrer un message, la technique prenait un caractère engagé qui n'existait pas à l'origine du concept.



Il fallut attendre septembre 2014 pour que la technique mute à nouveau et devienne un véritable instrument d'expression publique. Les crises à répétition, le chômage de masse, la désinformation permanente au sujet des événements ukrainiens et palestiniens, l'enchaînement des scandales politiques ont usé la patience des citoyens déjà blasés par un été météorologiquement calamiteux. Plusieurs sites web d'horizons différents ont concomitamment proposé de faire entendre la voix des citoyens par le biais de notes collées sur les vitrines des établissements les plus décriés : les banques, les chaînes de télé et de radio, les sièges des partis politiques, les grandes entreprises les plus détestées comme Monsanto, Nestlé, Microsoft ou Goldman Sachs.

Tant de liberté de parole pour les citoyens devenait dangereux pour l'équilibre de la société, ou plutôt, pour l'ensemble des acteurs qui tiraient avantageusement profit de cette situation : élus, banquiers, industriels et éditorialistes. Rapidement à l'automne, un "délit de collage" fut voté par l'assemblée, punissant jusqu'à un an de prison et 300.000 euros d'amende toute personne surprise en flagrant délit de collage de post-it dans un lieu public. Une proposition largement soutenue par les médias traditionnels qui publiaient régulièrement des photos des messages les plus injurieux ou obscènes, ou les dégradations, pourtant rares, dues à l'utilisation d'une colle permanente ou à l'effet de la pluie sur les morceaux de papier fluo. Les banques étendirent la surveillance vidéo de leur entrée pour faire face à ce nouveau fléau.
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Mais la pression populaire, et le mécontentement général étaient trop forts. Des milliers de post-it devaient chaque jour être décollés, patiemment, par les employés des entreprises les plus visées, occasionnant une baisse de productivité notable.
Un nouveau scandale éclaboussant toute la classe politique, de l'extrême-gauche à l'extrême-droite, fit exploser le phénomène au point que les fabricants de notes repositionnables ne furent plus en capacité de fournir le matériel nécessaire. Parfois, des individus isolés qui profitaient de la tombée de la nuit pour aller coller se retrouvaient devant la même vitrine et entamaient des débats sans fin sur les suites à donner à ce mouvement spontané et anarchique qui échappait à toute forme d'organisation syndicale, associative ou partisane.

C'est à ce moment que...

Commentaires

1. Le mardi, 29 juillet 2014, 11:59 par Merome

Je vous laisse inventer la suite...

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