Chroniques présidentielles - Les éléments de langage

À l'occasion de la sortie officielle du programme du PS, voyons comment fonctionne la bulle médiatico-politique.

Vous avez peut-être remarqué, lors des longues soirées électorales, quand vous zappez d'une chaîne à l'autre pour voir toujours les mêmes guignols, à quel point leur discours est convenu, standardisé. Les arguments, d'une bouche à l'autre, sont les mêmes. Parfois, assénés dans le même ordre, avec les mêmes mots.

Cela n'est en rien dû au hasard, mais à ce qu'on appelle les "éléments de langage". Ce sont des argumentaires tout prêts, qui sont fournis aux petits soldats de la politique quand ils vont sur les plateaux de télé ou répondent aux micros des radios.
Au bout d'un moment, à force d'entendre les mêmes sons de cloches, on finit par s'approprier l'argumentaire et ne plus analyser les actes, les discours qu'à travers le prisme de ces éléments de langage. Les journalistes, eux-mêmes, pourtant Dieu sait s'ils sont intelligents, s'y laissent prendre et finissent par interviewer les hommes et femmes politiques avec la même artillerie d'arguments sortis de nulle part.

Cette semaine, le programme du PS a été dévoilé officiellement. Du côté gauche, il s'agissait de montrer que le PS avait bossé, malgré le fait que le candidat ne soit pas encore officiellement connu. Et comme les prétendants sont sur des lignes qui vont du rose pâle au rose foncé, il fallait montrer que le programme publié permettait encore toutes ces candidatures.
L'élément de langage consacré a donc été : la boite à outils. C'est vrai que la boite à outils, ça veut tout dire, c'est plein de machins, on sait pas bien à quoi ça sert, mais si le gars sait s'en servir, attention ! Avec le même outil, Mac Gyver vous fait un lance patates, alors qu'un mauvais se cantonne au cure-dent mal taillé.
Et donc les journalistes, serviles moutons, présentent le truc comme une boite à outils, et se demandent si tous les candidats vont bien y retrouver leurs outils à eux.

Là-dessus, l'UMP qui a déjà un candidat, mais pas de boite à outils, ou alors, des outils tellement foutus qu'on n'ose même plus les appeler comme ça, se devait de contre-attaquer. J'imagine qu'ils ont fait un brainstorming, un truc bien chiant, le soir après le boulot, pour établir les éléments de langage qui permettraient de contrer efficacement la chose.
Ils ont trouvé que ce serait bien de dire que c'était un vieux programme. Un truc tout moisi, bricolé à la va-vite par ceux qui ont déjà perdu en 2002 et 2007, avec peu ou prou les mêmes idées. Et chaque soldat de l'UMP a décliné ça à sa manière, avec plus ou moins d'humour et de succès. Du "retour vers le futur", "à l'antiquaire" (par opposition au "care"), chacun y est allé de son petit jeu de mot vaseux, repris en chœur, bien sûr, par des journalistes trop contents de ne pas avoir à analyser tout ça et proposer d'autres angles de vues.

Du programme du PS, au final, qu'avons-nous entendu qui sort de ces éléments de langage ? Trois fois rien. L'électeur est prié de déterminer s'il s'agit d'une boite à outils ou d'une vieille soupe resservie. Je ne sais pas si d'ailleurs cette publication mérite mieux que ça puisque je n'en ai pas pris connaissance.
Juste voir qui la défend, qui la critique et comment, m’écœure de la politique.

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