Les filles, c'est rien que des pleureuses

Numéro 2 et 3 sont des filles. 8 ans et 5 ans. Tous les matins, c'est la même corvée : il faut les coiffer. Celui qui n'a pas connu ça ne peut pas comprendre.
D'abord, il faut gérer l'humeur de Numéro 3. Aux heures extrêmes elle est imbuvable. Tôt le matin, ou tard le soir, c'est la catastrophe : elle ne voulait pas mettre ce pull, ou alors, si, mais sans ce blouson ; ses bidules doivent être disposés dans le lit d'une certaine façon avant de se coucher. Et donc, le matin quand elle est déjà passablement excédée par le simple fait de mettre ses chaussons, il faut en plus la coiffer...

Quand on est un homme normalement constitué, on n'a aucune idée de la façon de peigner une fille. Si les cheveux dépassent 3 cm de longueur, qu'est-ce qu'on peut bien en faire de sérieux ? Avant d'avoir essayé, on a l'impression que c'est facile. Il y a plein de coupes et de coiffures différentes : les nattes, les couettes, les chignons, les queues de cheval, les mouettes, le palmier, avec chiennes, sans chiennes, ... Entre les mains expertes d'un homme, il n'y a plus que deux choix possible : les couettes et la queue de cheval. Et encore faut-il que la longueur des cheveux le permette, bien sûr.

Les couettes vont généralement par deux, comme les chouchous ou élastiques de couleur qui permettent de les faire tenir. Il faut commencer par trouver deux chouchous de la même couleur et assorti aux vêtements. Oui, oui : à sept heures du matin ! Alors qu'on n'a même pas encore trouvé ses propres mains.
Pour assortir les élastiques aux vêtements, quand on est un homme normal qui ne voit rien aux couleurs et principalement quand elles sont sur des bouts de tissus, pas le choix : il faut se fier à la tronche de votre fille. Si vous voyez ça : :( il faut changer de couleur. Si vous voyez ça : :) , bingo, vous avez trouvé. Mais les chouchous, je vous l'affirme par expérience, sont toujours solitaires. Si par bonheur vous en trouvez deux qui ont une couleur proche, ils n'ont pas la même épaisseur, ou le même style. Il faut donc fouiller au fond du tiroir, sous la commode et dans le moins interstice laissé entre les meubles et les murs pour retrouver une paire qui va bien.
Sinon, c'est parti pour une queue de cheval, qui ne demande qu'un seul élastique, mais ne croyez pas que c'est gagné pour autant.

Les cheveux sont rebelles. Principalement le matin au lever, ils sont indomptables. Armé d'une brosse de fortune (parce qu'évidemment, la "bonne" brosse est perdue au milieu des poupées qu'elle a servi à coiffer), il faut séparer les mèches en deux parts égales (pour les couettes) ou les centrer correctement (pour la queue de cheval).
Et ça tire, et ça pleure, et ça part dans tous les sens, mais après quelques minutes et deux baffes, on finit par s'en sortir. Sauf que, il y a ces cheveux de devant qui ont échappé à l'élastique et qui restent devant les yeux. Deux solutions se présentent : le ciseau, définitif mais efficace. Ou la pince à cheveux.

Les pinces à cheveux vont généralement par deux, il faut qu'elles soient de la même couleur et si possible assorties aux chouchous (qui sont eux-mêmes assortis aux vêtements, vous avez suivi ?). Je vous l'affirme, par expérience, les pinces sont toujours solitaires. Fort heureusement, les jolis motifs colorés qui vous les ont fait choisir dans le magasins s'estompent en quelques semaines, laissant apparaitre la couleur-métal-qui-va-avec-tout qu'elles auraient toujours dû avoir pour nous faciliter la tâche.

Voilà, deux chouchoux, avec deux pinces, la fille repart en osant à peine jeter un œil dans la glace en repartant, elle soupire, mais elle accepte de bonne grâce l'incapacité de son père à faire mieux que ça (et sinon, c'est deux nouvelles baffes).

Petite astuce pour finir : si votre fille arbore au petit-déjeuner un large sourire crispé, ce n'est pas parce qu'elle fait semblant d'être contente de la coiffure dont vous l'avez affublée : ses couettes sont simplement trop serrées. Ce qui se traduira le soir par une séance tout aussi réjouissante pour enlever élastiques et pinces avant d'aller au lit.

Commentaires

1. Le dimanche, 10 octobre 2010, 19:46 par Carine

Pauvre Mérome !

Si ça peut te faire du bien, dis-toi que nous y passerons à notre tour dans quelques années. A ce moment-là, nous penserons peut-être à toi et à cet article ;)

2. Le lundi, 11 octobre 2010, 09:55 par Nelly

Ma progéniture se compose d'un seul spécimen mâle. Autant te dire que pour moi c'est benoîtement simple, la gestion capillaire se fait par tondeuse électrique, sabot 3 mm, et ce, toutes les 3 semaines... (Bon, je peux aller jusqu'à 5 mm en hiver...)
Mais alors, j'ai pouffé toute seule en lisant ton article : MERCI, merci de nous faire partager ton quotidien !!!

3. Le lundi, 11 octobre 2010, 10:36 par Bob

C'est réjouissant :) Que j'ai hâte d'y être. Enfin pour le moment, choupinette a à peine plus de cheveux que moi alors ça reste calme - mais déjà rien les sécher à la sortie du bain : à l'entendre on dirait que je suis un bourreau d'enfants.

4. Le lundi, 11 octobre 2010, 13:27 par Merline

Cet article est juste excellent, jubilate, etc :-)
Pour excuser n°2 et 3, c'est pas entièrement de leur faute : c'est la pression sociale qui est responsable. The society qui "veut" que les filles aient les cheveux longs, the Society qui veut qu'elles soient élégantes. Et malheureusement pour toi, l'élégance passe par l'assortiment des couleurs !!!
Courage .....

5. Le lundi, 11 octobre 2010, 14:19 par Torg

Il existe d'autres solutions :
-- ne rien faire, les cheveux sont tellement plus beaux au naturel :)
-- laisser le soin à la mère de tout faire. Pour ce matin, les deux couettes avec les trois cheveux de ma fille ne se sont pas faites.
Hier, je me suis fait engueuler par la mère parce que je ne la coiffais pas assez (=jamais), donc lorsqu'elle récupère les cheveux de sa fille le week-end ou le mercredi (jours attitrés du bain maternel, les autres jours sont le pensum du père), ils sont en vrac, et ça tire... etc. Je ne décris pas, tu le fais aussi bien sinon mieux que moi ;)
-- la solution suggérée de tout raser peut aussi convenir. C'est ce qu'il se passait au bout de trois ans de notre fils. Nous avons laissé pousser les cheveux au point que les gens le prennent pour un fille (The society wants long hair for female). Je coiffais en tirant et en mettant l'autre main pour frein. Bien sûr, il n'était pas question de couettes, queue de cheval, ou autre artifices féminins de séduction : tout démêlé, et zou !

Alors une question : pourquoi la mère ne coiffe-t-elle pas le matin ?

6. Le lundi, 11 octobre 2010, 15:02 par Merome

Torg : La mère coiffe les matins où je ne le fais pas, soit 5 jours sur 7. Malgré une habitude certaine et un doigté que je n'ai pas, elle est confrontée aux mêmes problèmes de chouchous disparus, de caprices agaçants et de cheveux rebelles. Il n'y a pas de raison que je lui laisse l'exclusivité de cette corvée là.

7. Le lundi, 11 octobre 2010, 15:20 par Torg

Je ne coiffe pas ! :) Mais on verra quand elle aura (enfin) suffisamment de cheveux pour que même moi je vois qu'il faille faire quelque chose.
Et tu n'as pas les cheveux frisés/crépus à coiffer... Dans mes souvenirs les cheveux de tes enfants sont assez raides.

8. Le lundi, 11 octobre 2010, 17:05 par Calcoran

Ah, je vois que je ne suis pas le seul à avoir du mal. La mienne à 4 ans mais ça ne se passe pas mieux.

Par contre une solution que j'ai trouvée il y a peu et qui peut aider ... surtout par chez nous où les pinces à cheveux sont devenues tellement solitaires qu'elles sont parties explorer les interstices du vide interparquetaux, là où la griffe de la pince à cheveu n'a encore jamais mis le pieds.

Bref, une solution ... acceptable ... oui, on va dire acceptable ... est le concept des rouleaux (NDRL: ce n'est certainement pas le terme ad hoc vu qu'une recherche sous google image me donne de tout ... sauf la coiffure escomptée). En très gros (et vu que je manque de vocabulaire technique pour bien expliquer), on se place derrière la tête, on prend les cheveux en deux grosses touffes à peu près d'égale grosseur, assez sur l'avant pour récupérer même les rebelles de devant, et on roule ... euh ... comme si on ouvrait les deux robinets d'une baignoire sans mitigeur. Le but est de créer deux rouleaux formant chacun une demie couronne et partant du front vers l'arrière de la tête. Le geste est un peu technique mais reste à la portée d'un père pas trop malhabile. Les doigts ramènent les cheveux et les pouces les calent dans le rouleau. On continue à rouler, ce qui permet de coincer dans les deux rouleaux les cheveux qui seraient assez courts pour échapper à l'élastique. Et quand les deux rouleaux se rejoignent, on termine en queue de cheval mi-haute.

Quand c'est bien fait, ça tient facilement la demie journée ... parfois plus, tout dépend si l'activité de la journée a consisté à ramper sous les tables ou pas.

Et tout ça pour 1 seul élastique, oui, je dis bien un _seul_ élastique. Alors, heureux?

9. Le lundi, 11 octobre 2010, 17:16 par Nanouche

E-crou-lée de rire !!!! je t'imagines bien mon pauvre Mérôme !!!! :-)))

10. Le lundi, 11 octobre 2010, 18:56 par Merome

Calcoran : je crois que j'ai besoin d'une photo ou d'un lien pour comprendre. Je ne vois pas de quoi tu parles.%%%

Nanouche : Te moque pas !

11. Le mardi, 12 octobre 2010, 09:53 par Calcoran

Bah euh, j'ai eu du mal à trouver quelque chose qui y ressemble sur gogol image. En gros c'est à peu près ça:
http://www.marieclaire.fr/data/phot...
Sauf que là c'est particulièrement raté, même moi je fais mieux. Enfin, vu la personne sur la photo, j'imagine que ce n'est pas raté et que c'est un effet de style recherché par le styliste ... en tout cas en théorie le rouleau ne présente pas d'imperfection comme sur la photo, et reste bien régulier.

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