C'est possible, même si on ne mange pas ses vêtements.

Voilà quelques temps que je stagnais un peu en matière d'effort écologique et éthique. J'avais l'impression que le centigramme de CO2 que j'économisais en arrêtant ma douche trois secondes plus tôt n'était plus un effort tout à fait utile.
J'ai optimisé la plupart de mes actes consommateurs, un par un, mes déplacements, ajusté autant que possible l'énergie gaspillée... Mais plus moyen d'aller au-delà sans me marginaliser, ce que je ne souhaitais pas.

Au moment de renouveler ma garde-robe, il m'a paru intéressant de me poser une bonne fois la question de l'achat "responsable" des vêtements. Je me suis donc mis en quête de vêtements et chaussures fabriqués localement dans des conditions de travail corrects, avec des matériaux cultivés/produits durablement, et esthétiquement acceptable sans passer pour un clochard ou un homme sans goût.

Autant le dire tout de suite : je n'ai pas trouvé la formule idéale. La plupart des matières utilisées dans le domaine textile étant cultivée ou produite aux antipodes, et la confection ayant depuis longtemps été délocalisée là où les enfants ne sont pas chers à maltraiter, il est très difficile de trouver un revendeur local d'articles vestimentaires qui combinent à la fois l'écologie, l'économie, l'éthique et la mode.

On commence à trouver, en revanche, des sites internet qui mettent en avant une certaine éthique, au lieu d'une promotion fabuleuse ou d'un gadget à la con offert pour toute commande supérieure au montant écrit en tout petit. La production et la culture sont toujours effectuées loin de chez nous (pour être clair : là où le coton pousse), mais des labels nous offrent un certain nombre de garanties, tant sur la qualité des matériaux et leur culture raisonnée, que sur les conditions de travail et de rémunération des employés.

C'est vrai qu'il est confortable d'oublier, au moment de passer en caisse, les tonnes de CO2 émises, les écosystèmes massacrés, les doigts boudinés des gosses de 7 ans qui passent dans les machines à coudre, pour nous permettre d'acheter, à un prix défiant toute concurrence, un t-shirt pourri qui, au mieux, tiendra une saison, mais au pire, se déformera dès le premier lavage, après nous avoir démangé le dos et causé des rougeurs au bras.
On l'oublie volontiers, mais ça ne change pas tout ce qu'il y a derrière la filière, qui continue d'exister, et que la grande distribution s'évertue à nous cacher autant que faire se peut en nous gavant de publicités et en accélérant le rythme de la mode.

Et ces filières pourries qui engraissent des industriels peu scrupuleux, elles empêchent les "bonnes" filières, d'exister et d'être rentables. Le cercle est aussi vicieux que les industriels en question : plus on le fait, plus on devra continuer de le faire. Et si on sort du cercle, on sort de la norme, soit en se marginalisant, soit en payant le prix fort...

Là, le bo-bo que je suis a un rôle à jouer. Oh, un petit rôle pas important. Limite figurant. Il peut faire en sorte que les filières de production et de distribution "éthiques" deviennent rentables. Fabuleuse loi de l'offre et de la demande, que le consommateur ne tourne pas assez souvent à son avantage. Plus il y a de gens qui achètent des vêtements bio, plus il y en aura sur le marché, et moins ils seront chers. Et plus les gens pourront en acheter, du coup.

Si vous avez suffisamment de marge dans votre budget pour vous permettre d'acheter, une fois de temps en temps peut-être, ou plus régulièrement, des produits qui respectent une certaine éthique, pourquoi vous en priver ? D'autant qu'en général, vous aurez en prime, en plus de votre bonne conscience, un produit de meilleure qualité.

Je me suis arrêté sur deux sites (mais il y en a bien d'autres, et je ne voudrais pas qu'on me taxe de favoritisme), auxquels j'ai commandé des articles :

http://shop.ideocollection.com/ propose des vêtements bio et équitables en s'engageant à respecter une certaine philosophie.
Je leur ai commandé trois t-shirts 100% coton bio qui, ma foi, tiennent leur promesse, pour un prix variant entre 30 et 45 euros (Le port est gratuit à partir de 100 euros d'achat).



http://www.elnaturalista.com/ propose des chaussures en matériaux recyclés ou naturels fabriquées de manières traditionnelles par des gens convenablement payés. Eux aussi s'engagent sur un certain nombre de choses. Nous leur avons commandé deux paires de chaussures qui nous satisfont grandement (130 à 150 € la paire).



Bien sûr, il faut surmonter le problème de l'achat par correspondance, pour des vêtements, et plus encore pour des chaussures, ce n'est pas chose aisée. Pour une première expérience, j'ai eu de la chance peut-être, je n'ai pas eu à renvoyer d'articles.

Evidemment, si vous habitez une métropole, vous trouverez des revendeurs qui proposeront le même type de produit. Mais mon article tenait surtout à montrer que tout le monde peut le faire. Et aussi que ce n'est pas une démarche "tout ou rien" : j'ai acheté d'autres vêtements depuis, en fermant les yeux sur leur origine et les conditions de leur fabrication. Il ne s'agit pas de basculer d'un coup d'un seul vers un autre mode de vie, mais de faire émerger des marchés qui n'existaient pas (plus ?).

Il faut également redire ici que la plus écologique des écologies, c'est encore de faire vivre ses vêtements et ses chaussures le plus longtemps possible. Ne pas acheter de la merde jetable, et adapter les vêtements à l'utilisation que vous en faites.
Le bon sens nous invite à ne pas utiliser un costard cravate pour jardiner ou cueillir des cerises, mais cela est vrai aussi pour les enfants qui jouent dehors dans l'herbe, le sable et se fracassent les genoux sur le macadam. Une tenue d'extérieur immédiatement remplacée par des vêtements propres lorsqu'ils rentrent jouer sur le canapé vous évitera de renouveler trop souvent leur toilette (et votre canapé). Et évidemment des mains propres quand ils sortent de table évitent les tâches de chocolat et de confiture sur les chemises (et le papier peint).
En leur apprenant ainsi à respecter le matériel, vous leur inculquez dès le plus jeune âge les bons réflexes écolos pour demain !

Commentaires

1. Le mercredi, 29 avril 2009, 17:49 par Momory

Je me pose des questions sur la pertinence de l'adjectif "bio". En quoi des vêtements peuvent-ils être "bio"? Et bio-quoi?
Bio-logique : évidemment s'ils sont fait en coton, où en laine, (une grosse majorité des vêtements quand même) quils soient d'ici ou d'ailleurs, ils seront "bio".
Bio-dégradable : s'ils sont justement fait de matériaux naturels, ils vont dégrader. Ca prendra peut-être du temps, mais puisque c'est naturel, ça ne constitue pas une pollution. (je me trompe?)

Alors voilà, je me pose des questions tout de même : qu'entend-on aujourd'hui par "bio" ?
On utilise à tout-bout-de-champ ce mot, sans savoir que ça veut dire (parce que ça ne veut rien dire) c'est un abus de langage assez révélateur de notre manque d'éducation à ce sujet.

Par exemple, j'aurai reçu l'autre jour un livre d'architecture sur "la maison bio".
Là, pour le coup, c'est vraiment bizarre. Parce que les maisons exposées étaient "écologiques", "éco-responsables", "répondant aux besoins du développement durable", mais elles n'étaient pas en matériaux organiques (mis à part le bois peut-etre), elles n'étaient pas non plus en matériaux bio-dégradables (et heureusement !)

2. Le mercredi, 29 avril 2009, 17:52 par Momory

Addendum :

"Biologique" désigne un organisme vivant (végétal ou animal), alors franchement des produits manufacturés (comme les vêtements) voire ultra-manufacturés (comme une maison) ça n'est pas biologique.

C'estlogique!

J'attend vivement vos réactions à ce sujet !

3. Le mercredi, 29 avril 2009, 18:19 par Merome
Momory : bonne question, j'apporte donc quelques éléments. Le label "Bio" est un ensemble de garanties concernant la production d'un bien. Notamment, cela nous assure qu'aucun pesticide ou engrais de synthèse n'a été utilisé pour la fabrication du produit. J'ai mis en gras "de synthèse" car c'est important. Les engrais et pesticides naturels (comme la bouillie bordelaise, par exemple) son autorisés, ce qui fait dire aux détracteurs du bio que le label ne garantit rien. En effet, le cuivre (qui est l'ingrédient de base de la bouillie bordelaise) n'est pas très bon pour les sols, alors que certains engrais ou pesticides de synthèse peuvent être sans danger s'ils sont employés correctement.

Le label bio garantit d'autres choses, notamment que les cultures sont entourées de haies végétales pour limiter l'érosion des sols et favoriser la biodiversité... Ce qui fait qu'un produit bio est, généralement, "meilleur" pour l'environnement qu'un produit non bio. Bien sûr, tout cela est sujet à discussion et débat, mais je vulgarise, là.

Par extension, "bio" est devenu un adjectif fourre-tout qui signifie "écolo". Mais le label bio, qui DOIT être présent sur l'emballage du produit, est une garantie. Tout comme le label Viande Française, le Label Rouge, l'Appellation d'Origine Contrôlée, le logo NF, le logo CE ...

Plus d'informations ici
4. Le mercredi, 29 avril 2009, 19:29 par Thierry

Je me pose aussi souvent ce genre de questions. Plus que parler bio, il faut avant tout casser notre cercle vicieux d'ultra consommation. J'ai le vertige quand je regarde tous les objets qui m'entourent surtout quand j'essaie de dresser la liste de ceux qui me sont vraiment utiles. Je ne me considère pas plus vertueux que les autres (moi aussi, je suis sensible à la nouveauté technologique...) mais je me dis que nous pourrions peut-être nous remettre à fabriquer des objets qui durent (j'utilise un moulin à poivre bien plus vieux que moi). Ces objets qui durent seront certainement vendus plus chers mais au final, ils coûteront moins cher pour moi l'utilisateur mais il auront une empreinte écologique moindre. Seul hic, ce sont les publicitaires qui ne seront pas contents ainsi que les analystes économiques ayant les yeux rivés sur les indices de production.
Cependant, posons-nous la question suivante: voulons-nous que l'humanité survive au-delà du siècle actuel ? Si oui, remettons-nous en cause rapidement.
PS: bravo pour le blog que j'ai découvert avec l'article délirant du bricoleur !!!

5. Le jeudi, 7 mai 2009, 11:33 par clo

bon c'est aussi quelque chose auquel je pense... acheter des vetements "propres" (plutot que bio on va dire...) mais j'avoue que j'ai encore à faire le pas de mettre le double de prix dans un vetement parce qu'il est réalisé en coton bio. même si je suis extrement sensible au fait que son prix garantisse un mode de rémunération correct à ceux qui l'ont fabriqué (enfin toujours à valider on est d'accord...)
On voit arriver dans les magasins de vetement tous public une gamme bio... ça prouve quand même qu'il y a quelque chose qui se passe même si le marketing s'en est encore une fois emparé bien vite...
En tout cas, et je suis bien consciente que mon geste n'est que symbolique, pour mes loulous encore en construction pour 6 mois j'aimerai que leur première tenue soit justement en matières bio et produite de manière responsable. Mais voilà avec des jumeaux il est clair que je n'ai pas le budget pour acheter une double garde robe de pijama riquiquis exclusivement bio.
bon aller j'arrête là!

6. Le lundi, 11 mai 2009, 10:24 par Claire

Bonjour,
je me permets d'apporter ma contribution au débat, bien que je sois juge et partie, puisque je m'occupe d'un site qui vend de la mode équitable et bio... J'aimerais cependant apporter quelques précisions :
1. Le bio n'est pas toujours écolo ! Certes, la culture du coton bio est non OGM, sans pesticides chimiques et demande 10 fois moins d'eau, mais la conversion vers le bio prend 5 ans, et le marketing des grandes marques n'attend pas aussi longtemps. Du coup, il peut arriver qu'on déforeste pour créer des champs de coton bio et alimenter la demande mondiale. Ce n'est pas seulement le cas pour le coton, c'est aussi vrai pour les ananas, les mangues, les bananes... Si vous achetez bio pour la planète, privilégiez donc les petites marques, et ... achetez moins, comme le dit Thierry ! Cela évitera des tonnes de déchets que nous devons détruire, recycler ou revaloriser !
2. Bio implique socialement correct. Les producteurs de coton bio sont traditionnellement des petits producteurs qui dépendent moins des cours de la matière première, et peuvent vivre décemment de leur agriculture. Mais il faut rester vigilant, pour les mêmes raisons que dans le point 1 !
3. La chaine de transformation : pour être surs que le coton est "bien" transformé, deux labels sont dignes de confiance : EKO et FLO-cert.
Un très bon dossier a été fait sur ce sujet par les eco-sapiens :
www.eco-sapiens.com/dossi... .
Dernier point, j'aimerais revenir sur le prix. On compare toujours le prix des articles bio aux articles "sans marque", puisque les marques bio ne sont pas connues. Cela sous-entend qu'il est justifié de sur-payer un article qui porte le logo d'une marque qui investit dans la pub (et pollue notre espace visuel, mais c'est un autre débat...), mais non-justifié de payer au prix juste un article fabriqué et distribué par des sociétés qui ont fait le choix de privilégier des modes de production alternatifs. Est-ce vraiment juste ?

7. Le jeudi, 27 août 2009, 11:22 par Geoffroy Barre

Article intéressant, tout comme les commentaires. Je me permets de partager un lien (ci-dessous) versnotre site ou nous défendons le textile bio, mais pour entreprises. Car si le particulier commence à pouvoir trouver des vetements éthiques et engagés, le B to B s'est lui développé plus vite, notamment sous l'impulsion de gros acteurs, type Sol's.

Geoffroy de www.textile-publicitaire-...

8. Le jeudi, 15 octobre 2009, 11:24 par madamebonjour

Bonjour,

Tout d'abord, félicitations pour cet article que je découvre. Je le trouve très clair et, surtout, très agréable à lire (ce qui n'est pas toujours le cas sur le net).

Je suis entièrement pour le fait de s'habiller éthique!

D'autant que j'ai balayé mes idées reçues. En effet, il y a encore quelques temps, pour moi, vêtement bio signifiait vêtement super cher pour bobos ou alors pancho ou vêtement typique indien.

Mais ces derniers temps, waw!, quelle amélioration! Les vêtements éthiques sont devenus des vêtements de mode à part entière. Certes ils restent un peu cher mais on s'y retrouve souvent sur la qualité.

De plus, j'ai remarqué que de plus en plus de vêtements deviennet accessibles niveau prix. Surtout quand on voit ce que les gens sont prêts à dépenser pour un jean de marque. Et bien on en trouve moitié moins cher et éthiques, c'est pas beau ça!

Du coup j'ai plus d'excuse, et surtout, je me culpabilise moins de faire du shopping :-)

Mon dernier coup de coeur, une robe et un sac (c'est mon mari qui va être content!) sur lesquels j'ai craqué en tombant sur le site www.femmethik.com

Il faut dire qu'ils offraient les frais de port....

9. Le lundi, 7 août 2017, 16:09 par Zoé

Bonjour,
C'est un bon article, bien écrit. Je me lance depuis peu dans la mode éthique et je reconnais que je ne me verrais plus m'habiller autrement maintenant !
Pour aller plus loin, je recommande cet article sur les bienfaits du coton bio : https://www.vetibio.com/vos-vetemen...

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