Trois enfants à la mer 1/3

Sacrifiant à la tradition estivale, j'étais la semaine dernière en vacances en famille. Cette année, nous avons choisi de façon tout à fait originale la Côte d'Azur comme destination, plus précisément, le Cap Esterel, et sa résidence Pierre et Vacances.

J'ai scindé le billet en trois pour éviter de surcharger, et cette première partie est consacrée au voyage, aller et retour. Cela mérite un billet à part entière, car nous avions décidé l'année dernière d'éviter de partir en voiture, pour des raisons autant écologiques que sécuritaires, voire pratiques, car personnellement, je déteste la bagnole, que je conduise ou non. Et ce dégoût vient d'avant ma prise de conscience écologique. Ça m'a toujours gavé.

Comment faire pour partir en train à l'autre bout de la France avec 3 enfants ? Je vais vous donner les quelques pistes que j'ai suivies, car je sais pour avoir chercher un peu qu'il y a assez peu de documentation sur la question, et surtout évidemment pas sur le site de la SNCF qui reste l'un des plus mauvais site internet qu'il m'ait été donné d'utiliser.

D'abord, il faut choisir convenablement sa destination. Dans l'idéal, à moins d'un kilomètre d'une gare convenablement desservie. Le réseau TER étant assez développé, cela recouvre quand même pas mal de gares, même petites. Dans notre cas, la gare d'Agay se trouve idéalement placée, à vingt minutes de marche de la résidence, ce qui reste raisonnable.
Raisonnable si bien sûr on a dimensionné les bagages en conséquence, ce qui demande un petit effort d'organisation, surtout avec des enfants. Cela dit, à partir du moment où les enfants marchent, c'est moins problématique, car d'une part, il n'y a plus à trimballer poussettes et autres lit parapluie, chaise haute ... D'autre part, un enfant qui marche, c'est aussi deux épaules pour y coller un sac à dos. Quitte à n'y mettre que des jouets de plage pas lourds, ou quelques vêtements.
Il faut également diminuer le nombre de vêtements, et laver sur place. De toute manière, sur une semaine, et en été, le poids des vêtements indispensables reste limité.

Vient la phase la plus compliquée : l'organisation du voyage lui-même et notamment l'achat des billets. Comme je l'ai déjà dit, il ne faut pas compter sur le site de la SNCF, parfaitement inutile dans ce genre de cas, comme dans tous les autres, d'ailleurs. En revanche, le téléchargement et l'utilisation du petit programme plus ou moins officiel peut s'avérer une bonne base pour voir ce qu'il est possible de faire. Il faut le mettre à jour à chaque changement d'horaires (2 fois par an), et il ne fonctionne que sur les OS un peu ancien qui ont un "sous-système 16 bits" qui fonctionne encore à l'ancienne. J'ai eu toutes les peines du monde à le faire fonctionner sur l'un de mes XP. L'autre n'a pas posé de problème. On m'a rapporté l'impossibilité de le faire fonctionner sur un OS 64 bits. Il existe aussi pour Mac.

Grâce à l'outil, j'ai réussi à trouver une ou deux séries de trains qui convenaient à notre voyage. Trois changements mini, donc impossible de les avoir sur le site de la SNCF, et donc d'avoir une idée du prix : il est indispensable de s'adresser au guichet pour la phase suivante. Mais on ne peut le faire que lorsque les horaires d'été ont paru, c'est à dire, vers avril/mai. Et il ne faut pas tarder, car les trains de l'été s'arrachent comme des petits pains.

La jungle tarifaire de la SNCF est touffue, et l'on se voit obligé de faire confiance à l'agent derrière le guichet pour nous trouver le meilleur compromis. En gros, dans notre cas, cela se jouait entre :
- Le billet de congé annuel (30% de réduction, ou 50% si une partie payée en chèque vacances, une fois par an)
- Carte Enfant + (30% de réduc, valable un an, ...)
- Carte Famille nombreuse (30% de réduc pour 3 enfants, mais formalité qui prennent un peu de temps, il faut s'y prendre quelques mois avant)

Il se trouve que nous partions avec une autre famille de même composition (2 adultes, 3 enfants), sur le même trajet. Pour nous, le billet de congé annuel était le plus avantageux, pour eux, c'était la carte Enfant +. C'est compliqué...
A noter également que numéro 3 n'ayant pas 4 ans, elle ne paye pas (mais n'a pas de place assise réservée non plus !). Les enfants payent moitié prix jusqu'à 12 ans, cumulables avec d'autres réductions.

Viamichelin annonçait un trajet en voiture de 773 kilomètres et estimait le coût à 124 euros. Parce que je déteste la voiture et que je place la sécurité avant tout, j'aurais fait le voyage, comme à mon habitude, en deux étapes, ce qui m'aurait coûté une nuit d'hotel pour 5. Les chambres pour 5 ne courent pas les rues et coûtent chères. Oubliez les Formule 1 et autres chaines hotelières qui s'arrêtent à 4 personnes. B&B propose toutefois dans certains hôtels des chambres à 65 euros / nuit environ. Coût total de l'aller en voiture : 190 à 200 euros. La semaine de parking de la voiture à la résidence Pierre & Vacances s'élevait à 70 euros, à ajouter au coût du trajet, donc.
En train, toutes réductions comprises, nous nous en sommes sortis pour 47.40 * 2 (adultes) +23.70 *2 (enfants payants) = 142.20 euros si je compte bien. 50 bons euros de mieux que par la route.

Pour ce prix moindre, nous avons indéniablement un confort et une sécurité supplémentaires pendant le voyage. On peut dormir, on peut lire, on peut jouer, pas de bouchon, pas de risque ou si peu, il y a des toilettes, la climatisation, on peut se dégourdir les jambes, voire engager la discussion avec les voisins... Et puis, c'est écologique.
Le temps de voyage, s'il reste important (8 h à l'aller, 12h au retour, j'y viens ensuite) et contraignant, est bien plus facilement accepté par les adultes comme par les enfants.

Là où les choses se sont compliquées pour nous, c'était pour obtenir 10 places (2 familles de 5) proches. Bien que nous nous soyons dépêchés de s'adresser à un guichet quand nous avons su que les horaires d'été étaient disponibles, il était déjà presque trop tard pour voyager dans les trains que nous avions sélectionnés.
Il faut savoir que chaque train, voire chaque voiture de chaque train a son quota de places à tarif réduit, si j'ai bien compris ce que m'a expliqué la dame. Un tel pourcentage de places pour les congés annuels, tel autre quota pour les Enfant +, ... Ce qui fait que même s'il reste des places individuelles dans un train, elles ne pourront pas forcément être achetées par n'importe qui.

J'imagine que derrière ce système un peu abscons pour l'usager, il y a un dédale de financements croisés, de l'Etat, des régions, ... auxquels la SNCF doit rendre des comptes. Ainsi, pour nos deux familles avec des réductions de natures différentes, il fut difficile de rassembler tout le monde dans le même wagons. Comble de malchance, ou de maladresse, la guichetière s'est plantée sur la date de départ, nous faisant partir le dimanche, au lieu du samedi.
Elle s'en est aperçu au moment d'éditer les billets, qui sont forts nombreux (4 billets par personne !). Nous avions déjà réglé l'ensemble du montant dû, et pour ma part, en partie, avec des chèques vacances. Et vous savez quoi ? Quand on paye en chèques vacances, c'est beaucoup plus difficile d'annuler la réservation, me demandez pas pourquoi.
Bref, cela avait déjà été difficile de trouver des places pour le dimanche, 45 minutes plus tard, pour le samedi, ce fut encore plus dur, et nous avons dû nous résigner à nous séparer dans plusieurs wagons. 10 personnes, dans ... trois wagons. Et pour notre cas, 5 personnes dans 2 wagons. Pratique... A noter que la SNCF dans son infinie intelligence plaçait les 2 enfants (6 et 9 ans) dans un wagon et les 2 parents dans un autre, distant de 3 voitures. Logique.

Pour le retour heureusement, où il n'y avait pas eu d'erreur de date, nous fûmes tous ensemble dans le même wagon, ce qui fût fort appréciable, ne serait-ce que pour des raisons d'organisation ("tu peux me garder les gosses pendant que je vais aux toilettes ?"). En revanche, le train le plus direct était totalement plein, ce qui nous obligea à prendre la correspondance suivante, au prix de quatre heures d'attente à Avignon, ce qui explique le temps de trajet plus important au retour)

Nous avions donc 2 changements à l'aller (Avignon - Saint Raphaël) et 3 au retour (Saint Raphaël - Avignon - Lyon). Chaque correspondance était assez "large" : 20 à 25 minutes pour changer de train, en théorie. Dans la pratique, à l'aller, le TGV Avignon-Saint Raphaël a pris vingt bonnes minutes de retard, réduisant notre délai théorique de changement d'autant. En général, les correspondances attendent sagement en gare, mais c'est toujours un peu stressant.
Au retour, rebelote, après avoir attendu 4 heures pour rien à Avignon, nous sommes arrivés à Lyon avec 20 minutes de retard, et Lyon Part Dieu, j'aime autant vous dire que c'est pas une petite gare de campagne. Par chance, nous sommes tombés tout de suite sur le quai où notre train attendait sagement, une fois encore, que nous arrivions.

Le problème des trains en retard, c'est qu'ils tombent sur les trains qui sont à l'heure, sur la même voie, ce qui leur fait prendre encore plus de retard. On se retrouve ainsi plusieurs fois à patienter bêtement en pleine cambrousse, qu'un train à l'heure veuille bien libérer la voie pour qu'on passe. A l'arrivée, pour le trajet du retour, nous avions donc 30 minutes de retard.

C'était un samedi classé noir par bison fûté, je n'ose imaginer le temps qu'il nous aurait fallu pour parcourir le même trajet en voiture, avec les risques et l'inconfort en plus.

Au global, donc, je reste tout à fait satisfait du choix de partir en train. Économiquement, écologiquement et pratiquement, le bilan est complètement positif, et cela malgré les quelques déconvenues que nous pourrons sans doute éviter en partie en réservant plus tôt et grâce aux acquis de cette première expérience.