Visiblement, ce qui me semble incongruités et foutaises est très apprécié des français. Une mise au point semble nécessaire.

A la base, il y a cette information :

Le ministre de l'Intérieur et candidat quasi-déclaré à la présidentielle de 2007 a gagné 11 points d'opinions favorables dans un sondage Ipsos publié jeudi dans l'hebdomadaire "Le Point".

Je ne peux pas cacher plus longtemps ma déception, ce qui fera sans doute plaisir à etheriel qui est tout aussi persuadé que moi de détenir la Vérité. Je vais quand même essayer d'être le moins partisan possible...

Idée reçue n°1 : Nicolas Sarkozy traite bien le problème de l'insécurité.

Pourquoi les gens le croient
Sarkozy est un parfait metteur en scène des évènements de ces derniers jours. D'abord, il utilise un langage populaire, qui le rend naturellement proche des gens. Ensuite, il prône la sévérité. Il la prône d'ailleurs plus qu'il ne l'applique réellement, avec des talents de communicateurs indéniables. Enfin, il sort l'arme ultime, le couvre feu, qui rétablit l'ordre en 3 jours.
Pourquoi c'est faux
Le problème des banlieues va bien au-delà d'un simple problème de sévérité avec les délinquants (je ne dis pas qu'il ne faut pas plus de sévérité !). C'est un problème profond, qui a des origines économiques, sociales, politiques, ethnologiques aussi, ne le nions pas. Sarkozy tient le Ministère de l'Intérieur depuis 2002 presque sans interruption. Il a largement contribué à la diminution des subventions aux associations locales (qui a été reconnue comme une erreur ces derniers jours), il a supprimé la police de proximité, pour la remettre finalement au goût du jour. Enfin, en seulement 4 ans, il a atteint un niveau de désordre jamais connu depuis Mai 1968, voire depuis la guerre d'Algérie ! Vous parlez d'une performance.

Idée reçue n°2 : La droite remplit les caisses, la gauche les vide

Pourquoi les gens le croient
La Droite souhaite réduire les dépenses publiques. Pour cela, elle prône la réduction du nombre de fonctionnaires. Les fonctionnaires, par leur position privilégiée et leur sécurité de l'emploi sont la cible parfaite de toutes les jalousies. La Droite appuie sur ce sentiment largement répandu (et pas complètement sans raison, il faut aussi l'avouer) pour asseoir sa politique.
Pourquoi c'est faux
Le poids de la dette serait passé de 56.8% à 66% de 2001 à 2006 ! Les critères de Masstricht sont loin d'être respectés. Le budget 2006 est dénoncé même par les gens de la majorité. Par ailleurs, en baissant les impôts sur le revenu, le gouvernement s'assure d'avoir moins de recettes, donc au final moins d'argent dans les caisses.

Idée reçue n°3 : La droite fait baisser les impôts

Pourquoi les gens le croient
Tout simplement parce qu'on leur dit à la télé. La baisse des impôts est un leitmotiv, c'est un peu comme la méthode Coué, il faut s'en persuader. Les impôts sur le revenu ont donc (un peu) baissé.
Pourquoi c'est faux
Dans le même temps, puisque les dépenses, elles, restent les mêmes, voire augmentent (voir la dette ci-dessus), il faut bien trouver l'argent quelque part. La solution : la décentralisation. Puisque les impôts sur le revenu baissent, il faut augmenter les impôts locaux. Et on a tous pu le constater. Au final, la pression fiscale augmente...

Idée reçue n°4 : La droite traite mieux le problème du chômage

Pourquoi les gens le croient
Les chiffres officiels le montrent : le chômage baisse. Ensuite, on fait un peu de comm' sur les nouvelles mesures phares, le Contrat Nouvel Embauche, la création des Maisons de l'Emploi... Pas de doute, ça marche.
Pourquoi c'est faux
Je l'ai déjà expliqué dans un autre billet, et l'actualité semble me donner raison : il y a moins de chomage, mais pas plus de gens qui travaillent au final ! Quel est ce prodige, comme dirait Astérix ? Les radiations des listes de l'ANPE, les modes de calcul différents laissent penser que le chômage baisse. Ce ne sont que des chiffres qui ne veulent rien dire.

Bref, on nous ment, on nous spolie, et ça nous fait ni chaud ni froid parce que le PS fai(sai)t pareil. Je crains en effet qu'il n'y ait pas de solution du côté des partis traditionnels, ce qui explique le fait que personne ne sait plus pour qui voter, à part peut-être les électeurs du Front National.

Commentaires

1. Le jeudi, 17 novembre 2005, 19:32 par vinsou

Tout a fait d'accord avec toi, la télé nous manipule et nous fait croire que la droite est meilleur que la gauche (pourquoi sa?)

2. Le vendredi, 18 novembre 2005, 15:50 par Steh

Y en a vraiment un meilleur que l'autre?
Autant on peut dire que FireFox c'est mieux que IE, mais pour la politique? ;)

3. Le vendredi, 18 novembre 2005, 19:15 par filou

ce billet est encore criant de cérité je trouve, surtout la fin...on ne sait plus trop pour qui voter...

est-ce le début d'une remise en cause de la 5eme République telle qu'elle est faite, un remise en cause de la république tout court, voire même de l'Etat...

Peut-etre peux-t-on imaginer à long terme un renversement du système actuel...

4. Le samedi, 19 novembre 2005, 18:46 par 100

Bien d'accord avec toi aussi je pense que trop de télé n'aide pas au sens critique. Cela fait qq années que nous n'avons plus ce magnifique instrument de divertissement et de culture (de masse) ;-)

Le seul bèmol est la complexité de trouver de l'information, car l'on n'a plus le réflexe d'analyser.

Mais c'est un peu comme le vélo cela ne s'oublie pas

5. Le dimanche, 20 novembre 2005, 21:01 par JulienA

(attention, le message suivant est à teneur apocalyptique)

L'idée reçue numéro 2 me fait penser à ceci :

Le budget de l'année est calculé en fonction de... la croissance. Plus la croissance est bonne, plus il y a d'argent dans les caisses. Mais alors, prôner la décroissance revient à condamner les Etats à l'impuissance ? Plus je me pose de questions, moins j'ai de réponses. En fait, la décroissance remet en cause toute la philosophie de notre civilisation, que je résume, en gros, comme le culte de la richesse et de l'accumulation de biens matériels. On peut en dire ce qu'on veut, mais quoi qu'il en soit, notre civilisation est l'aube de... son effondrement. On ne peut pas continuer à fonctionner de cette manière et ça, depuis quelques temps déjà, on le sait.

Filou a dit juste avant moi "est-ce le début d'une remise en cause de la 5eme République telle qu'elle est faite, un remise en cause de la république tout court, voire même de l'Etat..."

Plus que ça, c'est la civilisation entière qu'il faut remettre en cause. Et à vrai dire, plutôt que d'essayer de trouver des solutions à nos problèmes actuels, nous devrions d'ores et déjà nous pencher sur quelque chose de plus important : la civilisation suivante.

Avez-vous lu Fondation, d'Isaac Asimov ? Dans cette oeuvre de science fiction, Hari Seldon, psycho-historien, capable de déduire le futur par l'étude de la psychologie des masses, met tout en oeuvre pour réduire la période de chaos résultant de l'effondrement futur de l'Empire Galactique, pour amener au plus vite à l'avènement du Second Empire Galactique. Il n'utilise pas sa science pour faire perdurer l'existant, non. Il y aurait bien trop de choses à changer et, de toute façon, la fin de l'Empire est déjà trop proche pour être évitée.

J'ai le sentiment que nous sommes aujourd'hui dans le même cas. Notre civilisation est trop sclérosée pour être sauvée. Plutôt que de perdre du temps et de l'énergie à lancer des seaux d'eau sur un vieil immeuble déjà à trois quart détruit par les flammes, nous devrions nous pencher sur les plans de celui qui le remplacera (ignifugé, celui là).

Quelle est la civilisation que nous voulons pour demain ?

6. Le dimanche, 20 novembre 2005, 21:22 par Lolo

Un parallèle doit pouvoir être aisément réalisé avec la période thatchérienne de la grand- bretagne, et en particulier avec la casse des services publics, la répression délirante des mouvements sociaux ou ancore le muselage complet du boulot associatif et/ou syndical.

Ajouter un commentaire

Les commentaires peuvent être formatés en utilisant une syntaxe wiki simplifiée.

La discussion continue ailleurs

1. Le mercredi, 23 novembre 2005, 17:01 par le blog de Kayaa | recueil de nouvelles

Cher professeur,

Devenu père de famille, ma priorité était le bien de tous. Pour cela, je partais tôt le matin, je rentrais tard le soir et je travaillais aussi les week-ends. Je pensais quelques fois à vous car vous m'intriguiez encore mais je n'arriverai...